Friday 29 July 2011

Kibou Niji Rengou Rainbow Fighters. Épisode 23 : un nouvel ennemi ?

Le de-briefing qui eut lieu après cette longue bataille fut presque aussi rocambolesque que la bataille elle-même. Il fut surtout un peu trop riche en émotions pour Niko. Dans le Q.G. à moitié détruit, nos amis lui racontèrent tout. Ils commencèrent par ce qu’Aniva leur avait révélé (le nom d’Esmera provoqua une crise de retour de souvenirs chez Niko, un peu comme le nom de Lotarh avait provoqué chez la prêtresse), puis durent lui expliquer ce qui lui était arrivé. Ce fut un moment très dur, mais Angel aida Niko à le surmonter. Finalement, ils décidèrent qu’un peu de repos leur ferait du bien, et qu’ils se retrouveraient tous ensemble le samedi suivant pour une nouvelle réunion. C’est ce samedi que nous retrouvons Niko et Martin dans un Q.G. nettoyé. La console détruite a été enlevée et les dégâts semblent réparés. D’ailleurs, Martin s’en félicite :
« On a fait du bon travail tu trouves pas ?
— Oui, même si tout n’a pas pu être réparé malheureusement. Sans accès à la technologie de la base de la face cachée de la Lune…
— Haut les cœurs Niko ! On sauvera Aniva, je te le promets !
— Je sais, réplique Niko. Mais je suis inquiet.
— Nous aussi, dit Clémence en entrant dans le Q.G., suivie par les trois autres Combattants de l’Arc-en-Ciel. Il faut agir et la retrouver rapidement, j’ai peur pour sa vie.
— C’est de ma faute, dit Angel d’un air sombre. Je vous ai tous laissé tomber et…
— Stop ! dit Alexandra avec un grand sourire. On t’a dit de plus broyer du noir tu te souviens ? On a tous bien compris et on t’en veut pas. Alors cesse de te faire du souci pour ce qui est déjà derrière nous. Je suis sûre qu’Aniva serait d’accord avec moi. »
Tous acquiescent, et Angel reprend le sourire.
« Tiens, vous avez réparé le Q.G. ? demande Aurélien qui saute toujours du coq à l’âne.
— Oui, dit Martin. J’ai fait les gros travaux, et Niko et Clémence se sont occupé de l’électronique.
— On a fait ce qu’on a pu avec la technologie terrestre, continue Clémence. Le Q.G. n’a plus toutes ses capacités mais au moins il risque plus de griller. On n’a rien pu faire pour le système de transposition par contre.
— Et comment on va faire pour aller où Lotarh va attaquer ?
— Il faudra de nouveau compter sur la chance, comme on le faisait avant d’avoir le Q.G., dit Niko. Et s’il y a vraiment urgence, il reste toujours un moyen…
— Lequel ? ! Lequel ? ! demande Angel à moitié hystérique.
— Angel, calme-toi ! Je ne vous en ai jamais parlé car c’est assez dangereux. Il s’agit de vous mettre en cercle et d’en appeler aux pouvoirs sacrés de vos couleurs respectives. En les fusionnant, vous créez une concentration d’énergie suffisante pour faire de nombreuses choses, comme vous transposer par exemple. Cela s’appelle la “Transposition Arc-en-Ciel”. Mais en appeler aux pouvoirs sacrés est quelque chose de dangereux, qui peut se retourner contre vous si vous ne les contrôlez pas suffisamment bien. C’est pour ça que je vous conseille de ne pas y avoir recours, du moins pas pour l’instant.
— Et pour Aniva ? demande Alex. On peut pas la laisser comme ça, il faut la trouver et la sortir de là !
— Lotarh nous a dit qu’elle était aux mains d’Esmeros, dit Clémence. Cela veut dire qu’elle doit se trouver là où cette monstruosité se terre, là où se trouve la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir elle-même ! Si nous pouvions suivre Lotarh jusqu’à son repaire, nous pourrions les débusquer.
— Malheureusement, je perds toujours la trace de Lotarh quand il se transpose, explique Niko. Il doit suivre un chemin assez complexe pour y parvenir. Je vais utiliser toutes les ressources du Q.G. pour trouver ce chemin, c’est la seule chose à faire. Je vais programmer l’ordinateur pour qu’il suive la trace de Lotarh lors de ses apparitions, et pour qu’il conserve en mémoire sa dernière position connue lorsqu’il se transpose. cela nous aidera peut-être… »
Niko paraît un peu abattu.
« Ça va Niko ? Y’a un problème ? demande Aurélien.
— Non, dit Niko, ça va. Ce sont juste mes souvenirs d’Esmera qui me rendent nostalgique.
— C’est vrai que tu étais son confident, d’après la prêtresse Aniva, dit Martin. Tu sais pourquoi elle a disparu ?
— Non, pas du tout. Je ne me souviens même pas de ma mise en hibernation. Mais je suis sûr qu’Esmera était encore vivante à cette époque. Ce dont je me souviens, ce sont nos promenades dans les forêts de Planète-Mère et nos discussions à bâtons rompus. Je me souviens aussi de nos disputes, car bien qu’ayant un pouvoir gigantesque et une bonté sans limites, Esmera était vraiment puérile parfois.
— Tiens, ça me rappelle quelqu’un, dit Martin en regardant Angel.
— Qui ça ? » demande ce dernier en regardant autour de lui.
BLONG ! (bruit de quatre personnes et un oiseau tombant par terre de surprise)
« ... Pas possible, il est pas possible », grommelle Martin en se relevant, tandis qu’Angel continue à regarder autour de lui d’un air ahuri.

Dans ce lieu fait d’ombres presque solides, organisées en filaments vibrants et pulsants, sous une forme bizarrement humanoïde et gigantesque, les douze Sages Noirs flottent en cercle, immobiles comme à l’accoutumée. Au milieu de ce cercle, deux petits yeux rouges apparaissent, suivis d’un corps, celui de Lotarh. Celui-ci s’incline devant le Sage Noir en face de lui.
« Tu n’es pas parvenu à prendre l’énergie de Rain Bow ! dit un autre Sage Noir.
— Veuillez me pardonner, répond Lotarh en se tournant vers lui. Il a augmenté son pouvoir d’une façon remarquable. J’ai dû battre en retraite, mais c’est pour mieux l’attaquer la prochaine fois. »
Deux yeux rouges gigantesques apparaissent loin au-dessus de Lotarh, et la voix écrasante d’Esmeros se fait entendre :
« Tu n’as dit cela que trop souvent, et tu as abusé de ma patience ! Je devrais te châtier pour ton incompétence, mais j’ai trouvé une meilleure punition. Je te retire ta mission ! Et je te mets sous les ordres de ma nouvelle protégée !
— Nouvelle protégée ? ! »
À côté de Lotarh, une colonne de fumée noire apparaît, qui se met à tourner comme une tornade de taille humaine. La tornade se dissipe, laissant place à une personne. Lotarh est ébahi, et pour cause : Aniva se tient à côté de lui, le regardant d’un air mauvais ! Mais est-ce bien Aniva, avec sa robe noire, ses cheveux rouges aux reflets métalliques, et ses yeux uniformément gris ? !
« Mais qu’est-ce que… ? balbutie Lotarh en reculant.
— Présente-toi, dit le maître à la nouvelle venue.
— Bien, maître Esmeros, fait cette dernière en s’inclinant. Je suis Aniva, grande prêtresse de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir et spécialiste du Mensonge.
— Mais…
— Lotarh, tu seras désormais sous ses ordres, et tu lui obéiras sans discuter ! Maintenant, tu vas lui donner le Miroir de l’Ombre, qui ne te sert plus à rien !
— Mais…
— C’est un ordre ! »
Ce cri a sonné comme un million de coups de tonnerre. Lotarh en est presque terrassé. Il sort le Miroir de l’Ombre en tremblant, et le remet à Aniva (NdlA : bizarre d’utiliser ce nom dans cette situation, non ?) qui le porte contre la poitrine, tout en continuant à regarder Lotarh avec un sourire narquois.
« Maintenant Aniva, je te charge de cette mission : retrouve Rain Bow, et rapporte-moi son énergie Arc-en-Ciel ! Je la veux !
— Je vous obéis, dit Aniva en s’inclinant. J’ai maintenant le seul élément qui me manquait pour mettre mon plan en marche.
— Alors va ! »
Une tornade noire se forme autour d’Aniva, qui disparaît en quelques instants. Lotarh la regarde partir, puis se tourne vers Esmeros (si l’on peut dire).
« Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Ai-je besoin de me justifier devant toi ? ! résonne la voix d’Esmeros. N’oublie pas que c’est moi qui t’ai appris comment transformer les êtres vivants en soldats de mon armée ! À cause de tes agissements irréfléchis, l’Aniva que tu m’as apportée était à l’article de la mort. Ne pouvant faire avec elle ce que j’avais prévu, j’ai décidé de changer mes plans et d’en faire une des nôtres.
— Mais ne craignez-vous pas que sa véritable personnalité reprenne le dessus ?
— Douterais-tu de mon pouvoir ? ! hurle le maître Esmeros, très en colère.
— Non, maître, dit Lotarh en s’inclinant.
— Alors laisse-moi, et tiens-toi à disposition d’Aniva ! N’oublie pas que tu lui es maintenant subordonné !
— Bien, maître. »
Ses yeux se mettent à briller, et il disparaît. Dans les ténèbres, Esmeros pense pour lui-même :
« Lotarh devient de plus en plus insubordonné et prompt à discuter mes ordres. Maintenant qu’il a retrouvé la mémoire, cela risque d’être encore pire. Je ferais mieux de m’en méfier… »

Dans une ruelle vide de Paris, une petite tornade noire se forme et laisse apparaître Aniva. Elle regarde autour d’elle.
« Voici donc Paris… Commençons par nous fondre dans le paysage. »
Une nouvelle tornade se forme autour d’elle, et quand elle disparaît Aniva a complètement changé ! Sa robe noire est devenue un T-shirt et un pantalon noirs moulants, et ses cheveux ont repris une couleur rousse normale. Seuls ses yeux ont gardé leur forme originelle et restent uniformément gris. Sur la paume de sa main se forme une petite tornade noire, qui fait apparaître une paire de lunettes noires qu’elle met immédiatement. De la même façon, elle fait apparaître un sac à main de cuir noir. Aniva ressemble maintenant à une starlette qui voudrait aller faire ses courses incognito (NdlA : du genre « Comment ? Je suis partie à St-Trop’, capitale de la jet-set, pour prendre des vacances, et ces mufles de paparazzi me reconnaissent même ici ? ! »). Elle a un sourire mauvais.
« Bon. Maintenant, allons mettre en place le piège qui se refermera sur Rain Bow. »
Elle sort de la ruelle, se retrouve dans la foule des grands boulevards, et s’y fond rapidement.

Nos amis sortent du magasin de jouets (qui soit dit en passant est toujours fermé. Il semble que les candidats ne se bousculent pas pour y devenir gérant). Niko est posé sur l’épaule d’Angel.
« Au fait, demande-t-il, comment vont les ex-otages ?
— D’après Lydia, tout le monde va bien, dit Angel. Ils sont restés en observation une demi-journée à l’hôpital, ils ont vu un psychologue, mais personne semble avoir de séquelles. Lydia est rentrée chez elle et reviendra à l’école lundi.
— C’est pareil pour grand-père et pour la copine de papa, ajoute Alexandra. Ils sont rentrés chez eux.
— Alphonse aussi, dit Aurélien avec un grand sourire. Heureusement, parce que je sais pas comment j’aurais fait pour dîner sans lui.
— Tu serais allé au McDo, soupire Clémence. Tu préfères ça aux superbes plats mitonnés d’Alphonse de toute façon.
— C’est une bonne idée ça ! s’écrie Aurélien. Et si on allait tous au McDo ce soir ? !
— Non ! hurle Clémence. T’as pas compris que c’était un reproche que je te faisais ? ! »
Elle se met à le pourchasser, tandis que nos trois autres compères, ainsi qu’un certain oiseau, les regardent faire, atterrés. Soudain, quelque chose attire l’attention d’Angel. Il tourne la tête brusquement, mais la personne a disparu dans la foule. C’était une jeune femme rousse, habillée tout en noir et portant des lunettes noires, qu’Angel avait cru reconnaître.
« Non, j’ai dû rêver, se dit-il. Je dois trop vouloir la retrouver rapidement, et mes yeux me jouent des tours. »

Le lendemain, Angel et Lydia se promènent au parc. L’expression d’Angel quand il regarde son amie montre qu’il est inquiet pour elle. Elle finit par le remarquer et lui demande d’un air amusé :
« Alors quoi ? J’ai un bouton sur le nez ?
— Euh… Non ! Non ! Pas du tout ! s’écrie Angel en battant des bras.
— Ça va bien, dit Lydia, pas besoin de me regarder comme ça. Je vais bien.
— C’est ce que tu dis, mais tu admettras que c’est flippant ce que tu as vécu.
— C’est vrai. Et pourtant je me sens parfaitement bien. Le psychologue était surpris. Il m’a dit qu’il comprenait pas pourquoi on n’avait pas les symptômes normaux d’ex-otages. On aurait tous dû être en état de choc. Remarque, c’est pas que je regrette de pas avoir les symptômes classiques, dit-elle en riant.
— Et t’as une idée de pourquoi tu te sens si bien ?
— J’sais pas… Peut-être que c’est parce que je suis restée inconsciente tout le temps. J’ai à peine aperçu cet homme bizarre avec son uniforme, et tout de suite après j’me suis retrouvée dans cet entrepôt en compagnie d’autres gens et des Combattants de l’Arc-en-Ciel. Pas de quoi être choquée, non ?
— En tout cas, j’suis content que t’ailles bien. J’étais tellement inquiet…
— Il fallait pas. T’aurais dû te douter que les Combattants de l’Arc-en-Ciel allaient intervenir. Ils sont toujours là quand il faut. »
Angel ne réplique pas. Il a encore honte du comportement qu’il a eu durant cette longue bataille.
« Tiens, tu veux une glace ? demande Lydia.
— C’est une bonne idée ça ! répond Angel avec un grand sourire. Tu veux que j’aille en chercher ?
— Ah non ! C’est moi qui t’invite ! Il faut bousculer un peu les conventions ! Bouge pas, je vais aller voir le marchand de glaces.
— Tu veux pas que je t’accompagne ?
— Non, je veux t’offrir une glace surprise.
— OK. Mais reviens vite. »
Lydia lui fait un clin d’œil et s’en va tandis qu’il s’assied sur un banc.
« Elle est bizarre, se dit-il. J’me demande si elle n’a vraiment pas eu de séquelles. »
Mais il n’a pas le temps de se poser la question, car à quelques mètres devant lui passe une silhouette qui le fait presque bondir de sur son banc. C’est une femme rousse, habillée tout en noir et portant des lunettes noires, et qui ressemble à s’y méprendre à Aniva ! Il se frotte les yeux, croyant à une hallucination. Mais non, la silhouette est toujours là, s’éloignant lentement. Angel va ouvrir son communicateur, mais il arrête son geste.
« Non, je dois en avoir le cœur net ! »
Il se lève et suit la femme à distance. Essayant de paraître le plus naturel possible (NdlA : mains dans les poches et le regard vers le ciel, pourrait mieux faire du point de vue de la discrétion !), il la suit ainsi pendant cinq minutes. Il est loin derrière elle, et au détour d’un virage entre deux buissons il la perd de vue. Il regarde autour de lui, surpris, quand il entend un cri. Il court dans la direction du cri et retrouve la femme, qui tient dans sa main le Miroir de l’Ombre ! Devant elle, un jeune garçon d’à peu près l’âge d’Angel est paralysé au milieu d’un cercle lumineux, et est en train de se faire voler son énergie ! Tout autour, des gens s’enfuient dans tous les sens, mais la femme ne semble pas s’en préoccuper. Elle regarde le garçon d’un air dégoûté.
« Tu n’es pas celui que je cherchais, tu m’as fait perdre mon temps ! Enfin, comme je ne pensais pas réussir du premier coup, je ne suis pas trop déçue. Heureusement pour toi !
— Relâche-le immédiatement !
— Qui ose ? ! » s’écrie la femme en se retournant.
Devant elle se dresse Rain Bow, qui la pointe du doigt avec un regard dur.
« Toi, je ne sais pas qui tu es, mais tu possèdes le Miroir de l’Ombre. Donc tu fais donc partie de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir. Alors prends garde ! Car je suis le messager de l’espoir, Rain Bow !
— Rain Bow ! C’est toi que je cherchais ! dit la femme.
— Qui es-tu ? ! »
Elle jette ses lunettes, révélant ses yeux uniformément gris. Une tornade noire se forme autour d’elle et elle réapparaît, les cheveux rouge métallique et vêtue de sa robe noire. Angel est décontenancé par sa ressemblance avec Aniva.
« Aniva, c’est vous ? »
Il commence à s’avancer vers elle mais le ton de cette dernière le fait s’arrêter.
« Quoi ? ! Comment connais-tu mon nom ? ! Je suis Aniva, grande prêtresse de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir, et spécialiste du Mensonge !
— Mais… »
Rain Bow n’a pas le temps de continuer sa phrase, car Aniva lui lance une tornade noire. Il se retrouve par terre, sonné.
« C’est ton énergie que j’étais venue prendre. Aussi vais-je le faire maintenant !
— Barrière de Vent ! »
Elle est repoussée par le mur de vent qui s’est formé entre Rain Bow et elle. Elle se retourne. Autour du garçon toujours paralysé se tiennent les Combattants de l’Arc-en-Ciel. Quand ils la voient, le choc est rude.
« Prêtresse ? ! demande Blue Bow.
— Aniva, vous êtes vivante ! dit Yellow Bow avec un grand sourire. Je suis si content !
— Silence ! s’écrie Aniva d’un ton si dur que le sourire de Yellow Bow disparaît immédiatement. Je ne vous connais pas ! Je suis Aniva, spécialiste du Mensonge, et j’ai promis au maître Esmeros de lui ramener l’énergie de l’Arc-en-Ciel. C’est ce que je compte faire ! Et si vous voulez m’en empêcher, vous allez devoir en découdre avec ma Créature du Mensonge ! »
Le cercle lumineux autour du garçon est remplacé par une tornade noire, qui le cache complètement à la vue des Combattants de l’Arc-en-Ciel. Ils en reculent de surprise. La tornade se dissipe, et à la place du jeune garçon se tient une créature à la peau métallique et aux yeux rouges, dont l’habit est formé de centaines de rubans pendant sur son corps.
« C’était donc ça le secret que tu cachais, et pour lequel tu disais tous ces mensonges, dit Aniva. Remarque, je te comprends : vouloir devenir costumier quand ton père te destine au métier de pompier, ça ne doit pas être facile à gérer. En tout cas, tu es très bien Rubantrex ! Maintenant, occupe-toi de ces petits Combattants de rien du tout, je n’ai pas envie de me fatiguer. »
Le monstre acquiesce et se ramasse sur lui-même, puis écarte les bras et les jambes au maximum ! Une multitude de rubans partent dans tous les sens et entourent les quatre Combattants, les emprisonnant et les soulevant du sol. Ils serrent de plus en plus, et écrasent nos amis.
« J’étouffe ! parvient à articuler Green Bow.
— Ah non ! crie Rain bow. Les rubans, c’est ma spécialité ! J’aime pas les copieurs ! Rubans Arc-en-Ciel ! »
Il projette ses rubans, qui tranchent les rubans de Rubantrex et libèrent ainsi ses amis. Le monstre semble peu apprécier ce genre de performances et se retourne vers Rain Bow en grognant.
« Eh, me regarde pas comme ça ! » fait Rain Bow qui ne se sent soudain pas de taille.
Rubantrex va charger, mais Blue Bow l’en empêche.
« Ruisseau Scintillant ! »
Le jet d’eau frappe Rubantrex de plein fouet, et l’envoie valdinguer à quelques mètres.
« Vas-y Rain Bow ! crie Blue Bow. Libère-le maintenant !
— D’accord ! Toile Arc-en-Ciel, action ! »
Le nouveau pouvoir de Rain Bow agit. La toile immobilise le monstre, tandis que des boules d’énergie foncent sur lui et le recouvrent de leur énergie bénéfique. Il disparaît dans un hurlement qui devient un cri de soulagement :
« Je suis liiiiiibre ! »
Le garçon, libéré, tombe évanoui.
« Oh non ! s’écrie Aniva. D’accord, tu as gagné pour cette fois, Rain Bow de malheur. Mais ceci n’était qu’un coup d’essai. La prochaine fois, je te prendrai ton énergie, et vous ne pourrez rien faire pour m’en empêcher ! »
Elle disparaît dans une tornade noire. Il y a un silence gêné qui finit par être brisé par Red Bow :
« J’ai rêvé, ou Aniva nous a combattus ?
— Elle lui ressemble, et elle porte le même nom, dit Rain Bow. Mais c’est pas possible, elle ferait pas ça…
— À moins que… commence Blue Bow.
— À moins que quoi ? ! s’écrie Rain Bow en sursautant.
— Je sais pas trop, continue Clémence. Il faudrait mieux demander conseil à Niko.
— D’accord, dit Rain Bow, allons-y tout de suite !
— Attends, dit Red Bow, t’étais pas censé être avec Lydia aujourd’hui ?
— Oh merde, Lydia ! J’lai complètement oubliée ! Il faut que j’y retourne ou elle va s’inquiéter. Allez voir Niko, je vous rejoindrai ! »
Il se met à courir tellement vite qu’il en soulève un nuage de poussière, et laisse ses amis en plan.
« Pfff… Espérons simplement qu’il pensera à se changer avant de voir Lydia, soupire Red Bow. Quelle tête en l’air…
— Allez, on va voir Niko ? demande Green Bow.
— Oui, dès qu’on aura trouvé un endroit tranquille pour nous changer », acquiesce Clémence.

Dans une ruelle déserte de Paris, Aniva réapparaît dans une tornade noire. Elle porte de nouveau sa tenue « civile » et ses lunettes de soleil.
« Vous êtes puissants, Combattants de l’Arc-en-Ciel. Mais moi aussi. La prochaine fois sera la bonne.
— En es-tu si sûre ? demande Lotarh en apparaissant devant elle.
— Lotarh ! Qu’est-ce que tu viens faire ? !
— Te demander comment avait été ta première attaque. À ce que je vois, ça n’a pas été brillant.
— Comment oses-tu me critiquer, toi qui as eu plus que suffisamment de chances et qui n’es arrivé à rien ? ! »
Lotarh grimace mais ne réplique pas.
« Et n’oublie pas que tu es sous mes ordres, lui rappelle Aniva. Tiens-toi à ma disposition !
— Bien, prêtresse », dit Lotarh en s’inclinant, avec un sourire narquois.
Ses yeux brillent et il disparaît, laissant Aniva seule dans la ruelle.

Dans le Q.G., nos quatre amis finissent de raconter toute l’histoire à Niko. Celui-ci est perturbé.
« Aniva… Je n’arrive pas à le croire…
— Moi non plus, dit Martin. Mais elle lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Elle portait même son nom.
— Elle s’est nommée elle-même “spécialiste du Mensonge”, dit Clémence. Mais comment… ? »
Angel arrive à ce moment.
« Salut tout le monde, fait-il d’un air grave. Tout va bien ?
— Comme tu le vois, dit Martin. Lydia n’a pas fait trop d’histoires ?
— Non. Quand je lui ai dit que les Combattants de l’Arc-en-Ciel avaient combattu dans le parc, elle en a presque oublié les deux glaces qui fondaient dans ses mains. On est finalement rentrés et je suis venu tout de suite après. Alors, c’était bien Aniva ?
— J’en ai peur », dit sombrement Niko.
Tous se tournent vers lui.
« Esmeros l’a probablement envoûtée alors qu’elle était trop faible pour se défendre. Elle lui est maintenant dévouée corps et âme. Elle a probablement perdu tout souvenir de son passé et doit croire qu’elle a toujours fait partie de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir.
— Non, c’est pas vrai ! s’écrie Alex. Il doit bien y avoir un moyen de la sauver !
— Comment est-ce qu’on pourrait la désenvoûter ? se demande Clémence.
— P’têt en essayant de lui faire retrouver la mémoire », dit Aurélien.
Tout le monde se retourne vers lui.
« Heu… Ça va, dit-il, gêné. C’était juste une idée en l’air.
— Mais une bonne idée, dit Niko. Si c’est vraiment Aniva, sa véritable personnalité doit être cachée quelque part. Je ne crois pas qu’Esmeros ait la capacité d’effacer le véritable caractère d’une personne. Il peut tout au plus le réprimer. Il faudrait le faire remonter à la surface.
— Comme chez les amnésiques, en lui parlant de son passé, en la confrontant à lui ? demande Clémence.
— Peut-être, dit Niko. En attendant, vous allez devoir vous battre contre elle.
— Ça va être dur, dit Martin, mais il faut pas flancher. La véritable Aniva aurait voulu que nous soyons forts !
— D’accord ! acquiescent-ils tous en cœur.
— Prêtresse, pense Angel, c’est de ma faute si vous êtes maintenant dans cette situation. Je vous sortirai de là, je vous le promets ! »

Friday 22 July 2011

Kibou Niji Rengou Rainbow Fighters. Épisode 22 : le sacrifice de l’Arc-en-Ciel

« Aniva ! Aniva ! s’écrie Niko. Où... ? »
Niko se tait en plein milieu de phrase. Le sol tremble de plus en plus. Le grondement se fait aussi de plus en plus bruyant.
« Qu’est-ce que… ? Un… Un tremblement de terre ? ! »
Des objets tombent au sol. Niko est obligé de s’agripper à son clavier d’ordinateur pour éviter de tomber lui aussi. Le grondement devient assourdissant. Les chaises sont renversées, et des étincelles apparaissent au niveau des équipements électroniques. Des court-circuits semblent se produire un peu partout dans le Q.G., puis ce sont de véritables arcs électriques qui apparaissent le long des murs. Des fissures apparaissent au plafond, un peu de plâtre tombe sur Niko. L’une des lampes explose, suivie par une autre. Soudain, les arcs électriques se concentrent sur une console dont l’écran explose, envoyant des débris dans tout le Q.G. ! Sous la violence de l’explosion, le clavier de cet ordinateur est arraché et tombe à terre. Heureusement, Niko a été épargné. De plus, les vibrations semblent s’atténuer, et le grondement, qui était devenu insupportable, paraît diminuer d’intensité. En effet, les vibrations diminuent, jusqu’à disparaître. Niko reste prostré sur son clavier quelques secondes encore, mais il finit par se redresser en poussant un soupir de soulagement. Il jette un œil sur le Q.G.
« Eh bien, le Q.G. est en bien piteux état, finit-il par dire. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Où est passée Aniva ? Et Rain Bow ! »
Il se retourne brusquement vers son écran. Par chance, ce dernier fonctionne toujours. Et ce que Niko y voit le stupéfie tellement qu’il en reste muet pendant quelques secondes.
« Mais… Comment ? ! »

Retournons maintenant dans l’entrepôt désaffecté, quelques minutes en arrière. Les Combattants de l’Arc-en-Ciel étaient plutôt mal en point : Red Bow, Green Bow et Yellow Bow inconscients, et pendus au plafond comme des carcasses à l’abattoir ; Blue Bow blessée par Lotarh et sans force ; et Rain Bow qui avait abandonné tout espoir, et se préparait à se sacrifier pour ses amis, en laissant Lotarh prendre son énergie. Lotarh avait d’ailleurs commencé à lever le Miroir de l’Ombre vers Rain Bow, lentement afin de faire durer le plaisir. Mais Lotarh s’arrête brusquement en plein milieu de son geste. Quelque chose a attiré son attention. Il tourne un peu la tête et tend l’oreille. Quelques secondes plus tard, un grondement commence à se faire entendre. Angel et Clémence l’entendent aussi, et ils se demandent ce qu’il se passe. Lotarh est surpris. Le grondement devient de plus en plus bruyant, et le sol commence à trembler. Les gravats accumulés un peu partout commencent à bouger, et quelques pierres en équilibre tombent à terre. Lotarh essaie de rester debout alors que les mouvements du sol s’amplifient. Rain Bow pose les mains par terre pour ne pas basculer. Lotarh perd l’équilibre mais se rétablit. Lorsque le bruit et les vibrations atteignent leur paroxysme, une lumière apparaît devant Rain Bow, qui la regarde, bouche bée.
« Quoi ? ! Que… ? » s’écrie Lotarh quand il remarque la lumière.
Cette lumière n’est qu’une petite boule blanche, mais elle grandit rapidement, et l’on voit qu’elle est vraiment multicolore, faite de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, qui se mélangent et s’interpénètrent. Un arc-en-ciel apparaît autour de cette lumière qui commence à changer de forme. Elle s’allonge, s’affine, acquiert des courbes, et prend une forme humanoïde. Entre Lotarh et Rain Bow médusés, cette lumière prend forme humaine et féminine, tandis que le tremblement de terre continue à faire vaciller l’entrepôt sur ses fondations. Soudain, la forme explose en un flash multicolore éclatant, qui aveugle tout le monde, et coïncide avec l’arrêt des vibrations du sol. Quand la luminosité redevient normale, c’est l’abasourdissement total : à la place de la lumière, entre Rain Bow et Lotarh, se tient la prêtresse Aniva, regard noir et main levée vers le spécialiste de la Haine. Ce dernier manque de lâcher le Miroir de l’Ombre quand il reconnaît la personne qui est en face de lui !
« T… Toi ? ! balbutie-t-il, complètement déstabilisé.
— Oui, moi ! dit Aniva sur un ton décidé. Aniva, grande prêtresse de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel. Je t’ai déjà repoussé une fois, au prix de grands sacrifices. Mais je n’hésiterai pas à recommencer pour protéger cet enfant ! »
Lotarh a perdu toute sa confiance. Il recule, mais reprend contenance et dit, tandis que ses yeux brillent :
« Tu as de la chance Rain Bow, tu viens de gagner un sursis. Mais il sera très court, et quand je reviendrai, il en sera fini de toi ! »
Il disparaît. Aniva reste immobile pendant un instant, puis se retourne et s’agenouille devant Rain Bow.
« Relève-toi, Angel. »
Les yeux encore brillants de larmes, ce dernier demande :
« ... Aniva ? Prêtresse Aniva ? C’est bien vous ?
— Oui, répond-elle en l’aidant à se relever. Je ne pouvais plus rester ainsi sans rien faire. Je suis venue vous aider.
— Prêtresse Aniva… » murmure Blue Bow.
Aniva et Rain Bow se tournent vers elle. Il court vers Clémence et s’agenouille à ses côtés.
« Parle pas, dit-il. T’es blessée. C’est complètement de ma faute… »
Mais Clémence secoue la tête et regarde Aniva.
« Aniva… Comment… ?
— J’ai utilisé le Q.G. comme intermédiaire, pour obtenir suffisamment d’énergie pour une telle transposition. J’espère que la surcharge n’a pas provoqué trop de dégâts…
— Tout est de ma faute, se culpabilise Angel. J’ai tout fait de travers et j’ai fait courir des risques à tout le monde…
— Ce n’est pas vrai, dit Aniva d’un ton doux. Au contraire, tu es celui qui va pouvoir réparer les choses.
— Comment ? !
— Viens, continue-t-elle en le prenant par les mains. Concentre-toi. »
Loin d’être sûr de lui, Rain Bow s’exécute. Il se relève, ferme les yeux et se concentre. Aniva fait de même. Au niveau de leurs mains, un petit arc-en-ciel apparaît. Il grossit, et soudain s’enfle démesurément, en une vague d’énergie qui engloutit tout. Quand la vague disparaît, les Combattants ne sont plus pendus au plafond, mais allongés au sol, et ils commencent à se réveiller. Blue Bow elle-même se relève, surprise de sentir que ses blessures ont complètement disparu. Angel ouvre les yeux, et voit, incrédule, ses amis sains et saufs. Mais ce sont Martin, Alex et Aurélien qui ont le plus grand choc, quand ils voient Aniva présente en chair et en os !

Après un fondu au noir, nous nous retrouvons dans ce lieu sombre où flottent les douze Sages Noirs. Les ombres si noires qui les entourent ont commencé à s’assembler en une forme pseudo-humanoïde déformée. Au milieu du cercle des Sages Noirs, deux yeux rouges apparaissent, suivis du corps de Lotarh.
« Alors Lotarh, dit un Sage Noir, as-tu accompli la mission que t’a confié le maître Esmeros ?
— En partie, dit Lotarh. Mais je suis venu apporter ceci. »
Il lève le Miroir de l’Ombre qui libère une boule de lumière rouge, puis une autre de lumière verte, et enfin une troisième boule de lumière jaune. Elles sont toutes trois éclatantes, vibrantes d’une énergie incomparable. Elles s’élèvent doucement, et se transforment en de véritables comètes qui disparaissent dans les ténèbres. Ces dernières changent de forme et se réorganisent. Des nuages noirs bougent très loin tout autour des Sages noirs, les ombres s’épaississent, et la forme humanoïde se précise tout en restant floue et bizarrement distordue. Des filaments de fumée noire apparaissent un peu partout et s’organisent en paquets, légèrement vibrants et pulsants. Enfin, très haut, au niveau de ce qui ressemble à une tête déformée, deux yeux rouges gigantesques flamboient comme ils ne l’ont jamais fait, brûlants de tous les feux de l’enfer. La voix se fait alors entendre, si l’on peut appeler « voix » quelque chose qui ressemble plus à un millier de coups de tonnerre réunis.
« Cette énergie ! Si pure, si dense ! Ces Combattants de l’Arc-en-Ciel recèlent en eux plus d’énergie que des foules entières ! Mais il y a quelque chose qui manque ! Où est l’énergie de Rain Bow ? !
— Il y a eu un petit contretemps, s’excuse Lotarh en s’inclinant très bas. Je m’apprêtais à lui prendre son énergie quand quelqu’un est intervenu…
— Qui ! Hurle le maître Esmeros, visiblement peu content. Tu ne dois rien me cacher !
— C’était… la prêtresse Aniva ! L’une des grandes prêtresses de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel, celle que j’ai combattue il y a si longtemps, et qui est parvenue à repousser mon armée ! Elle est apparue devant Rain Bow pour le protéger !
— La prêtresse Aniva ? ! »
Ce cri a explosé comme un volcan en éruption. Le silence se fait, et est suivi par un nouveau bruit, qui fait vibrer les ténèbres elles-mêmes. Esmeros rit ! Il rit, d’un rire gigantesque, plein et douloureux. Il finit par arrêter de rire et reprend la parole :
« Habiles petits vers de terre… Ils sont ainsi parvenus à sauver l’une des leurs, comme je l’avais toujours soupçonné. L’existence de ces Combattants de l’Arc-en-Ciel apparaît soudain sous un nouveau jour… Je n’aime pas laisser des choses en suspens ! Lotarh !
— Oui, maître Esmeros ?
— Tant que cette Aniva se mettra sur notre chemin, ma victoire sur la Confrérie de l’Arc-en-Ciel ne sera pas totale. Je ne peux pas le supporter ! Je te charge d’une nouvelle mission : capture Aniva et ramène-la-moi ! Mais je la veux vivante !
— Bien maître, il en sera fait comme vous l’avez ordonné », répond Lotarh en s’inclinant.
Ses yeux se mettent à briller, et il disparaît. Il réapparaît dans son antre de pierre, essoufflé, comme après chaque entretien avec le maître Esmeros, et s’assied sur son trône.
« Capturer Aniva vivante… Comment peut-il oser me demander cela, alors qu’elle m’a déjà humilié deux fois ? ... Oui, je vais la capturer. Mais je ne promets rien quant à son état… »

Nous retournons dans l’entrepôt en ruines. Chacun a raconté aux autres ce qui lui est arrivé. Rain Bow a dû tout avouer, y compris ses cauchemars partiellement prémonitoires. Les autres Combattants sont à la fois ébahis et mal à l’aise. Finalement, la voix de Niko se fait entendre :
« Prêtresse Aniva, Combattants de l’Arc-en-Ciel, vous m’entendez ?
— Parfaitement, dit Aniva. Comment vas-tu ?
— Je suis entier, répond Niko. J’ai eu de la chance qu’aucun débris ne me tombe dessus. Votre transposition a fait quelques dégâts ici.
— C’est bien ce que je craignais. Quelle en est l’étendue ?
— À vue de bec, pas grand chose. Les murs sont fissurés, une console est détruite, mais ce n’est rien qui ne peut se réparer. Par contre, après le check-up interne, c’est moins réjouissant. Tous les systèmes fonctionnent, sauf le circuit de transposition qui a complètement grillé.
— Tu veux dire que tu ne peux plus nous transposer du tout ? demande Blue Bow.
— Exactement, réplique l’oiseau. De plus, Je peux toujours vous voir sur mon écran, mais j’ai dû faire une dérivation de fortune pour pouvoir vous contacter. Ça tiendra pour l’instant, mais pour réparer vraiment, ça risque d’être aussi dur que le circuit de transposition. Vous êtes bloquée sur Terre pour un bon moment, prêtresse.
— Cela n’a pas d’importance. J’en avais assez de rester seule là-haut et de vous laisser prendre tous les risques, explique Aniva. C’est à mon tour de vous aider. »
Tous restent sans voix devant la détermination d’Aniva. Après un moment, Red Bow prend la parole :
« Il nous reste encore à trouver les otages. Niko, est-ce que t’arrives à les détecter ?
— Pas précisément, répond ce dernier. Je détecte bien leurs énergies, donc ils sont tous vivants, quelque part dans l’entrepôt. Mais même si la transposition de la prêtresse Aniva a brisé le champ de forces qui existait autour de l’entrepôt, il semble qu’ils soient sous un autre champ de forces. Il m’empêche d’obtenir leur position exacte. Clémence ?
— Oui Niko ?
— Ton ordinateur est toujours connecté au Q.G. Utilise-le pour essayer de détecter leur position. Vous êtes beaucoup plus proches d’eux que moi et ça devrait t’aider. Par contre, je vais être obligé de couper le contact. L’ordinateur me signale que mes réparations de fortune vont bientôt lâcher. Si je ne coupe pas, je risque de créer encore plus de dégâts et de rendre le Q.G. irréparable. Je suis désolé.
— Ce n’est pas grave, dit la prêtresse. Nous comprenons parfaitement. Au revoir Niko.
— Bonne chance », dit ce dernier.
Ils sentent que la connexion est coupée, et la soudaine impression de solitude les fait frissonner. Blue Bow fait apparaître son ordinateur et commence à l’utiliser.
« Ça marche, dit-elle sans lever les yeux de l’écran. J’ai un plan de l’entrepôt, et j’arrive à détecter leurs énergies. Mais c’est encore très imprécis. Je vais essayer une forme de triangulation, mais ça va prendre un moment.
— Dépêche-toi, dit Rain Bow d’une toute petite voix. Lotarh pourrait revenir…
— T’inquiète pas, dit Green Bow avec un grand sourire, tandis qu’elle passe son bras autour des épaules d’Angel. Cette fois il nous aura pas !
— C’est vrai que maintenant on est tous insensibles au Miroir de l’Ombre, dit Red Bow.
— Tous, sauf Rain Bow », corrige la prêtresse Aniva.
Angel baisse un peu la tête.
« Mais on le protégera ! s’écrie Green Bow qui décidément ne veut pas perdre sa bonne humeur.
— À ce propos, dit Blue Bow sans lever la tête de son ordinateur, Lotarh a fait plusieurs fois allusion à son “maître”, celui pour qui il vole l’énergie. Or, juste avant que vous apparaissiez, il a donné un nom à ce “maître”. Il l’a appelé “maître Esmeros”. Ça vous dit quelque chose, prêtresse Aniva ? »
Aux mots de « maître Esmeros », Aniva est devenue blanche comme un linge. Les Combattants de l’Arc-en-Ciel la regardent, stupéfaits. Seule Blue Bow continue à taper sur son ordi, jusqu’au moment où elle se rend compte du silence qui règne tout d’un coup. Elle relève la tête, et est aussi surprise par le visage décomposé de la prêtresse.
« Prêtresse… Aniva… Ça va ? finit par demander Aurélien.
— Je… Je suis désolée d’avoir été... si brusque », continue Clémence.
Aniva a un faible sourire.
« C’est moi qui suis désolée, dit-elle doucement. J’aurais dû tout vous dire depuis le début. Mais je craignais que vous vous sentiez écrasés devant cette tâche démesurée.
— De quoi est-ce que vous parlez ? demande Martin.
— Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez mentionné le nom de Lotarh ?
— Oui, dit Blue Bow. Vous avez eu une réaction à peu près similaire.
— Exactement. Je vous ai raconté que j’avais combattu Lotarh dans un lointain passé, et que j’étais l’une des douze grands prêtres et grandes prêtresses qui dirigeaient la Confrérie de l’Arc-en-Ciel à cette époque.
— Vous avez eu une drôle de réaction à ce moment-là, dit Martin.
— C’est parce que j’avais omis un détail. Je ne voulais pas le divulguer, peut-être par superstition, peut-être par peur de précipiter les événements avant que vous soyez prêts. Malheureusement, les événements se sont précipités par eux-mêmes.
— De quel détail est-ce que vous voulez parlez ?
— Je veux parler de la mythique fondatrice de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel, la vraie dirigeante de l’organisation. Je veux parler de la demi-déesse qui protégeait et chérissait la Voie Lactée. Je veux parler de celle qui portait le titre de Reine Galactique, et qui pourtant demandait à se faire appeler simplement par son nom : Esmera.
— Esm…  ? ! s’écrie Red Bow.
— Oui, Esmera, continue la prêtresse. Il y a de cela très longtemps, bien avant que la vie intelligente apparaisse sur Terre, la Galaxie était un chaos où régnait la loi du plus fort. Les peuples se livraient à des guerres sans merci et des planètes entières étaient détruites, pour le plus grand plaisir d’entités maléfiques qui se nourrissaient du malheur des autres. Mais un jour apparut Esmera, femme mais en même temps déesse, qui de son pouvoir et de sa bonté infinie parvint à pacifier la Voie Lactée et à repousser les entités démoniaques. Elle fonda ensuite la Confrérie de l’Arc-en-Ciel, dirigée par six grands prêtres et six grandes prêtresses, dans le but de maintenir cette paix. Les entités maléfiques n’avaient pas disparu, et continuaient à être active sur la périphérie de la Galaxie. Elles commencèrent à recruter des personnes égarées, afin de monter leurs propres armées, tout ceci dans le but de faire retomber la Galaxie dans son état violent primitif. Mais la puissance de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel et l’influence d’Esmera parvenaient toujours à repousser ces attaques. Un équilibre se créa, dans lequel les habitants de la Voie Lactée pouvaient se développer harmonieusement. Les attaques étaient rares, et la Confrérie de L’Arc-en-Ciel veillait à minimiser les pertes civiles. L’une des entités était particulièrement active et vicieuse dans ses attaques. Il se faisait appeler Esmeros, et prétendait être le jumeau noir d’Esmera. C’était une créature de cauchemar, pas réellement formée de matière, mais pas vraiment spirituelle non plus. C’était une sorte d’amalgame monstrueux de matières exotiques et d’une volonté malfaisante, qui survivait en vampirisant les énergies de vie des êtres vivants. Survivre était son seul but, et détruire la vie dans la Galaxie était son seul moyen et son seul plaisir. Il possédait le plus grand nombre de suivants de toutes les entités maléfiques, et les avait regroupés en une armée qu’il avait nommé la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir. Elle était dirigée par trois généraux aussi cruels les uns que les autres : Atarh, le spécialiste du Vide, Nitarh, le spécialiste de l’Ombre, et le plus puissant et le plus pervers d’entre tous, Lotarh, le spécialiste de la Haine. Leurs soldats étaient des monstres, des êtres qui avaient vendu leur âme à ce diable pour un peu de pouvoir. Ils obéissaient aveuglément à Esmeros et à ses douze Sages Noirs, ses intermédiaires, car il était dangereux, même pour ses suivants, de converser avec Esmeros lui-même. Néanmoins, malgré toute cette puissance, la Confrérie de l’Arc-en-Ciel et Esmera parvenaient à contenir les attaques de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir. Jusqu’au jour où...
— Jusqu’au jour où quoi ? ! demande un Aurélien impatient, plongé dans l’histoire.
— Nul ne sait exactement ce qui s’est passé. Je parle d’un temps où je n’étais même pas née. Ce que je raconte, c’est ce que j’ai appris moi-même quand j’ai décidé de faire partie de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel. Un jour, l’impensable se produisit : Esmera disparut.
— Comment ? demande Martin.
— Je ne le sais pas. Personne ne le sait. A-t-elle été vaincue par une des entités maléfiques, ou par Esmeros lui-même ? A-t-elle eu un accident ? Est-elle morte de mort naturelle ? Nul ne le sait. Toujours est-il que son influence disparut de la Galaxie. Cet événement brisa l’équilibre qui s’était crée. Les entités maléfiques eurent rapidement vent de la disparition d’Esmera, et décidèrent de redoubler d’efforts pour reprendre le contrôle de la Voie Lactée. Ils finirent par tous s’associer à la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir, et envoyèrent de nouvelles attaques. Au début, la Confrérie de l’Arc-en-Ciel put les repousser comme elle l’avait toujours fait. Mais sans l’influence bénéfique d’Esmera, elle avait perdu beaucoup de sa puissance, et il n’existait nulle part une personne capable de reprendre le flambeau. Les attaques répétées affaiblissaient la Confrérie qui avait de plus en plus de mal à accomplir sa mission. C’est dans ce contexte que je suis née, que j’ai grandi, et que je suis finalement devenue grande prêtresse de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel. À mon époque, j’étais la plus jeune des douze, et même la plus jeune personne à être jamais devenue grand prêtre. Malheureusement, je devais aussi être la dernière à jamais le devenir…
— Ça va ? demande Alexandra.
— Oui, ne t’inquiète pas Green Bow, répond Aniva. Après tant de temps d’amnésie, mes souvenirs sont tellement frais, presque douloureux, dans ma mémoire… Peu après mon accession à la position de grande prêtresse, les entités maléfiques, Esmeros en tête, décidèrent de frapper un grand coup, en envoyant toutes leurs forces dans la bataille. Ce fut un horrible massacre. Le front de bataille avançait lentement de la périphérie de la Galaxie vers son centre. Des planètes entières étaient détruites, des systèmes solaires se sacrifiaient pour détruire les armées ennemies. La Confrérie de l’Arc-en-Ciel mit aussi toutes ses forces dans cette guerre galactique. Je fus moi-même envoyée au front pour diriger nos armées. De toutes les batailles, c’étaient celles impliquant la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir qui étaient les plus meurtrières. Les trois spécialistes ne reculaient devant rien pour tout détruire, et Esmeros lui-même était présent, flottant au dessus du champ de bataille et absorbant les énergies des mourants, qu’ils fassent partie de son camp ou du camp adverse. Durant l’une des dernières batailles, j’ai été confrontée à Lotarh lui-même. Je l’ai combattu pendant que nos armées s’entre-déchiraient. J’ai finalement réussi à le repousser, et à détruire une partie de son armée, mais cela a coûté une planète entière… »
Les larmes d’Aniva alertent Angel, qui essaie de réconforter la prêtresse.
« Prêtresse, si vous voulez, on peut continuer plus tard, dit-il.
— Ça va, réplique Aniva en séchant ses larmes. Je me sens coupable d’avoir été épargnée lors de ce sacrifice. J’ai été sauvée par la mort de millions de personnes… Après cette bataille, je fus rappelée sur Planète-Mère, la planète d’origine d’Esmera et siège de la Confrérie de l’Arc-en-Ciel, qui se situait en plein cœur de la Galaxie. Quand j’arrivai dans la salle de réunions solennelle, les onze autres grands prêtres et prêtresses étaient déjà là. Ils me dévisageaient en silence, ce qui me mit plutôt mal à l’aise. Ce fut notre doyen qui prit la parole. Il m’expliqua que lors de mon initiation de grande prêtresse, une chose m’avait été cachée, un secret qui ne devait m’être révélé qu’au moment opportun. Malheureusement, me dit-il, le moment était venu. Il me rappela la puissance et la bonté d’Esmera, et me révéla son plus grand secret : ses dons de prescience. Esmera était capable de lire l’avenir ! C’est grâce à ses prophéties que la Confrérie de l’Arc-en-Ciel était parvenue à maintenir un semblant de paix jusqu’ici. Même disparue, Esmera continuait à nous protéger ! Quant à sa dernière prophétie, elle me concernait directement, et il était temps que j’en prenne connaissance. Le doyen fit apparaître une image au-dessus de notre table de réunion. Je la reconnus tout de suite pour avoir vu cette image des milliers de fois : c’était Esmera, reconnaissable entre mille par ses yeux emplis d’amour, par ce visage reflétant une sérénité sans bornes. Mais cette fois, il ne s’agissait ni d’un portrait ni d’une image statique, c’était un film holographique ! Pour la première fois, je voyais Esmera bouger, vivre, et je la vis s’adresser à moi ! Je n’oublierai jamais ses mots : “Toi, jeune fille née dans une période de troubles et de violence, jeune prêtresse aux cheveux de feu et au cœur de la même couleur, toi qui porte le poids du sacrifice d’un monde, toi que je ne rencontrerai jamais, je te parle à travers les âges et je sais que tu m’entends. Je sais que la Galaxie est à feu et à sang, je sais que je ne suis plus là pour la protéger, et que ma disparition est en partie responsable de cet état. Malheureusement, il est parfois impossible de contrer les voies du destin… Je sais aussi que votre combat est sans espoir, et qu’il faudra sacrifier la Confrérie de l’Arc-en-Ciel et ma planète natale pour ramener la paix. Mais je sais que cela ne durera qu’un temps, et qu’il faut absolument qu’une braise du feu sacré de l’Arc-en-Ciel survive. Cette braise, c’est toi ! Tu dois quitter Planète-Mère, rejoindre mon ami et confident dans le sanctuaire où il dort depuis longtemps. Ce sanctuaire se situe sur le satellite d’une petite planète bleue, dans un bras situé à la périphérie de la Voie Lactée, dans un système solaire pour l’instant insignifiant, mais qui deviendra un jour le nouveau centre de la Galaxie. Tu dois t’y rendre et t’y endormir, car dans des éons d’ici, le mal réapparaîtra, et la paix dans la Galaxie sera de nouveau mise en péril. À ce moment-là, tu te réveilleras, et quand tu découvriras le danger qui guette, tu sauras quoi faire. Tu es le seul espoir de la Galaxie. Crois en toi, et tu réussiras tout ce que tu entreprendras.” »
(NdlA : Hé hé, maintenant, vous avez appris quelque chose. Eh oui, Aniva est rousse !)

Un silence de plomb s’est installé dans l’entrepôt. Même Blue Bow a cessé de taper sur son ordinateur de poche. La prêtresse reprend la parole.
« Peu après la fin du message, l’alarme se déclencha. Planète-Mère était attaquée ! Une porte s’ouvrit et un soldat apparut. Le doyen m’ordonna de le suivre. Il allait me conduire à un vaisseau dont le pilotage automatique était programmé pour m’amener à la base de repli, le sanctuaire dont parlait Esmera. Je voulus protester, mais les autres prêtres et prêtresses m’en empêchèrent. Le soldat me prit par le bras et me força à partir avec lui. Je n’oublierai jamais la sérénité des grands prêtres quand je les ai quittés. Je suivis le soldat dans les couloirs du siège de la Confrérie. Plusieurs fois, nous fûmes bousculés par les ondes de choc d’explosions qui se produisaient un peu partout sur Planète-Mère. Je sentais que c’était la fin, le sacrifice qu’Esmera avait prévu. Malgré tout, mon esprit se révoltait à cette idée. Nous arrivâmes finalement à un hangar où un vaisseau unique attendait. Le soldat m’y fit monter. Je lui demandai de me suivre, mais il me sourit en me disant qu’on avait besoin de lui ailleurs. Ses yeux montraient qu’il savait qu’il allait mourir, et qu’il acceptait son sort. Il y avait plus de sagesse dans les yeux de ce simple soldat que dans mon cœur à ce moment-là ! Je me sentais comme une petite fille capricieuse et gâtée. Je refermai la porte du vaisseau et me mis aux commandes. Rapidement, le vaisseau quitta le hangar et s’éleva dans le ciel de Planète-Mère, rougi par les combats qui s’y déchaînaient. J’y vis aussi une ombre noire menaçante : Esmeros lui-même ! Je parvins à m’échapper de l’atmosphère de Planète-Mère sans me faire repérer. J’enclenchai le pilote automatique et me postai à l’arrière pour regarder la planète que je quittais. Soudain, une lueur gigantesque m’aveugla, puis une forte secousse ébranla le vaisseau : Planète-Mère venait d’exploser ! Elle s’était désintégrée, emportant tout avec elle, la Confrérie de l’Arc-en-Ciel avec celle de l’Arc-en-Ciel Noir, Esmeros y compris. Du moins, c’est ce que j’espérais. Brusquement, le vaisseau se transposa dans le monde supra-luminique et je ne vis plus rien. Dans ce monde, on peut voyager à des vitesses gigantesques dépassant de loin celle de la lumière, ce qui me permettrait de rejoindre la base de repli en quelques jours. Mais à ce moment je ne pensais pas à ça. Je pleurais. Je pleurais la mort de milliards de gens et la destruction de l’idéal pour lequel je m’étais battu. Je pleurais la destruction de la civilisation la plus réussie de la Voie Lactée. Mais surtout, je pleurais la perte de mes amis les plus chers. J’ai pleuré longtemps, puis il semble que je me sois endormie. J’ai très peu de souvenirs des jours suivants, jusqu’à ce que j’arrive à la base de repli, sur la face cachée du satellite naturel d’une petite planète bleue, qui un jour prendrait le nom de Terre. Une fois arrivée, je découvris que tout avait déjà été préparé. Il y avait deux capsules d’hibernation, l’une vide pour moi, l’autre déjà occupée. Je découvris enfin qui était le confident d’Esmera : Niko, l’oiseau Arc-en-Ciel. L’ordinateur était prêt à me mettre en hibernation, aussi je suis allongée dans ma capsule sans tarder. Je m’endormis rapidement. Vous connaissez la suite… »
Le silence règne. Les Combattants de l’Arc-en-Ciel ne savent pas quoi dire et restent muets, quand on entend un applaudissement lent et mesuré. Tout le monde sursaute, et se tourne vers l’origine de ce bruit. Deux yeux rouges apparaissent, et sont suivis par le corps de Lotarh, qui arbore un grand sourire.
« Merci, chère prêtresse. Très charmante histoire… Je sais enfin ce qui s’est passé sur Planète-Mère. Pour compléter ton petit conte, sache que nous les spécialistes n’étions pas sur Planète-Mère au moment de sa destruction. Maître Esmeros nous avait envoyés en hibernation, avec une partie de notre armée, sur une petite planète bleue que vous connaissez bien. N’est-ce pas une merveilleuse coïncidence ? !
— Grrr… Tu as tué des milliards de gens, s’insurge Red Bow. Tu vas me le payer !
— Parce que tu crois que tu m’impressionnes avec tes petits feux de paille ? Cette histoire aurait dû vous montrer que la Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir est indestructible.
— Ce n’est pas vrai ! s’écrie Aniva. Vous avez été vaincus une fois, et vous le serez de nouveau !
— Vaincus ? Non… Juste retardés. Et comment espères-tu nous vaincre sans tes précieux petits Combattants de l’Arc-en-Ciel ? ! »
Les yeux de Lotarh brillent. Il fait apparaître un cristal long et pointu, noir aux reflets rouges, et le jette… sur Rain Bow !
« Non ! » crie Green Bow.
Angel n’a pas le temps de se mettre à l’abri. Il voit le cristal long comme un avant-bras voler vers lui, et ferme les yeux au moment juste avant qu’il ne le transperce… mais rien ne se passe. C’est le silence absolu. Rain Bow rouvre les yeux, et découvre qu’il regarde le dos d’Aniva ! Elle chancelle et tombe dans ses bras.
« Aniva ! » s’écrie-t-il.
Elle ne tient pas debout. Il s’agenouille pour lui permettre de s’allonger, et comprend tout de suite pourquoi : le cristal lui est enfoncé en plein cœur !
« Aniva… Pourquoi ? ! » demande Angel avec les larmes aux yeux.
La prêtresse ouvre les yeux, et regarde Rain Bow d’un air tendre.
« Tu… Tu es Rain Bow, le seul qui puisse sauver la Terre de ces monstres. J’ai accompli mon rôle en te révélant tes pouvoirs… Ma tâche étant terminée, plus rien… ne me retient ici. Par contre, ta tâche… ne fait que commencer… C’est pour ça que tu dois vivre… Ah ! ... Tu dois le faire pour moi… et pour tous ceux qui… se sont sacrifiés… pour que la paix… règne… Je suis heureuse… de t’avoir… connu… Adieu… »
Elle referme les yeux, et son corps se détend complètement.
« Aniva, répondez ! crie Rain Bow entre deux sanglots. Aniva, NON ! »
Ses cheveux se mettent à briller, d’une lumière multicolore presque insoutenable. Son aura apparaît et s’élargit, grandissant jusqu’à atteindre Lotarh qui est repoussé par cette puissance. Il tente de résister, mais la pression est trop forte.
« Qu’est-ce qui se passe ? ! »
Il est soulevé, projeté contre le mur et tombe à terre. L’air continue à briller pendant quelques instants, illuminé par l’énergie de Rain Bow, puis la lumière disparaît subitement. Les cheveux de Rain Bow cessent aussi de briller, et ce dernier tombe sur le sol, inanimé. Les autres Combattants se ruent vers lui.
« Rain Bow ! » s’écrie Yellow Bow.
Lotarh a eu le temps de se relever. Les Combattants se retournent vers lui.
« Vous ne perdez rien pour attendre, fait-il en essuyant le sang vert qui coule d’une égratignure à la joue. En attendant, je vais accomplir la mission que m’a confié le maître Esmeros. »
Ses yeux brillent, et il jette une boule d’énergie noire sur le corps d’Aniva, qui est soulevé et emporté vers Lotarh. Avant que le Combattants ne puissent réagir, ils disparaissent tous les deux.
« Lotarh ! Aniva ! s’écrie Red Bow. Merde ! On l’a laissé s’échapper !
— Laisse, Martin, dit Blue Bow. Il y a plus important pour l’instant.
— Et Angel, il va bien ? demande Alexandra, inquiète.
— Ça va, il est juste évanoui, répond Clémence en lui prenant le pouls. Dis-moi, Martin, est-ce que tu penses pouvoir porter Angel ?
— Angel ? Bien sûr ! Il est aussi léger qu’une plume ce gars-là ! ... Mais pourquoi tu me demandes ça ? T’as trouvé où sont les otages ?
— Oui, ils sont pas loin d’ici. En plus, ils sont près de la sortie.
— Alors allons-y ! »
Les Combattants se relèvent, tandis que Red Bow prend Rain Bow sur son dos.
« Et Aniva ? demande Yellow Bow.
— Si elle est encore vivante, on la sauvera ! promet Martin. Et si elle est morte, je la vengerai de mes propres mains !
— Allons-y, dit Clémence, c’est par ici. »
Elle ouvre la marche tout en regardant son ordinateur, et les autres la suivent.
« Vous avez vu ce qu’a fait Angel ? demande Alex.
— Il a projeté Lotarh comme un fétu de paille, dit Clémence.
— Oui, dit Martin, il a encore augmenté ses pouvoirs. Pourtant il a aucune confiance en lui.
— Souvenez-vous de ce qu’Aniva a dit, continue Clémence. Elle a dit que nous sommes là pour protéger Rain Bow, et que protéger la Terre est sa mission exclusive. Quand je vois l’étendue de ses pouvoirs, je la crois sans peine. Je me rends aussi mieux compte de ce que notre mission implique… »
Personne ne relève après ces derniers mots. Ils ont tous le visage grave, et repensent au geste d’Aniva.

Au milieu du cercle des Sages Noirs, deux yeux rouges apparaissent, suivis de leur propriétaire.
« Alors, Lotarh, commence un des Sages Noirs, as-tu accompli la mission que t’avait confiée le maître ?
— Oui, répond le spécialiste de la Haine. Voici celle qu’il voulait. »
Ses yeux brillent, et Aniva apparaît, allongée en lévitation et sans vie. Le cristal noir a disparu, mais sa robe est tachée de sang au niveau du cœur. Soudain, les yeux rouges de feu d’Esmeros apparaissent loin au-dessus des Sages Noirs, et sa voix tonne d’une colère véritablement divine !
« Quoi ? ! Je t’avais ordonné de me la ramener vivante ! »
Sous les pieds de Lotarh, un cercle lumineux se forme. Il émet une colonne de vent noir autour du spécialiste, qui se crispe et crie de douleur.
« Je… Je voulais la ramener vivante, dit Lotarh avec effort. Mais cette idiote… s’est interposée… quand j’ai voulu me débarrasser une bonne… ah ! ... fois pour toutes… de Rain Bow. »
Le vent noir souffle de plus en plus fort. Lotarh, paralysé, est lentement soulevé.
« Te débarrasser de Rain Bow, alors que tu ne m’as pas encore apporté son énergie ? ! Tu savais pourtant que je voulais l’énergie de l’Arc-en-Ciel ! Tu vas voir ce qu’il en coûte de me désobéir !
— Je… Je n’allais pas… vous désobéir… J’aurais… pris… son énergie… avant qu’il rende son… dernier soupir… comme vous… autrefois… le faisiez… »
À ces mots, la colonne disparaît, et Lotarh retombe à genoux entre les Sages Noirs, à côté du corps inanimé d’Aniva. Esmeros semble réfléchir :
« Je vais te laisser une dernière chance de m’apporter l’énergie de Rain Bow. Mais je la veux maintenant, j’en ai besoin pour que mon réveil soit total ! Alors n’échoue pas cette fois ! C’est la dernière fois que je ferai preuve de pitié !
— Bien maître, je vous remercie », dit Lotarh en se relevant difficilement.
Il parvient à s’incliner et disparaît. Les yeux rouges gigantesques semblent contempler le corps de la prêtresse.
« J’ai enfin la braise du feu sacré de l’Arc-en-Ciel en ma possession, se dit Esmeros. Il est dommage que Lotarh l’ait abîmée… Mais peut-être pourrais-je tourner cette situation à mon avantage… »

Dans les couloirs poussiéreux de l’entrepôt désaffecté, les Combattants de l’Arc-en-Ciel marchent pour retrouver les otages de Lotarh.
« C’est encore loin ? demande Aurélien. J’commence à avoir mal aux pieds.
— Pff… C’est moi qui suis chargé comme un mulet et c’est lui qui se plaint, réplique Martin.
— Je croyais qu’Angel était léger comme une plume ? demande Alexandra, d’humeur taquine.
— Nous arrivons, dit Clémence qui ne relève pas les yeux de son ordi.
— Tiens, y en a un qui se réveille d’ailleurs », dit Red Bow.
En effet, Angel frémit. Il finit par ouvrir les yeux.
« ... A… Aniva ?
— Calme-toi, dit Green Bow. Tu crois que tu vas pouvoir tenir debout ?
— On va le savoir tout de suite, dit Martin qui semble en avoir assez de son fardeau. Allez hop ! »
Angel se retrouve debout. Il regarde les Combattants un par un et demande :
« Aniva ? Où est Aniva ? Est-ce qu’elle est… ?
— On sait pas, dit Clémence. Tu es parvenu à repousser Lotarh, mais il a disparu en emmenant Aniva avec lui.
— T’inquiète pas ! dit Alex avec un grand sourire. On va la retrouver !
— V’nez voir ! J’les ai tous retrouvés ! » s’écrie Yellow Bow qui était passé devant.
Tout le monde se dépêche, et en effet, ils se retrouvent dans une grande salle, au fond de laquelle sont attachées toutes les victimes du Miroir de l’Ombre. Lydia, grand-père, mademoiselle Galian, le majordome d’Aurélien et les autres, tous sont présents, et sans connaissance. Voyant Lydia, Angel court vers elle. Mais quelques mètres avant de l’atteindre, il y a un flash de lumière et il est projeté en arrière. Il retombe lourdement à côté des Combattants.
« Ça va Angel ? demande Green Bow en l’aidant à se relever.
— Ça va… Aïe ! répond ce dernier en se tenant la tête.
— Qu’est-ce que c’est ? demande Martin à Clémence.
— Un champ de forces, répond-elle en consultant son ordinateur de poche. Il les entoure tous. Si on veut pouvoir les secourir, il va falloir le briser.
— Je m’en charge ! s’écrie Red Bow. J’ai besoin d’un peu d’action ! Boule de Feu ! »
Blue Bow fait un geste pour l’en empêcher, mais c’est trop tard. La boule de feu fonce vers les otages, mais il y a un flash lumineux, la suggestion d’un dôme autour d’eux, et elle est renvoyée à l’expéditeur.
« Barrière de Vent ! »
Grâce à la présence d’esprit de Green Bow, le pire a été évité. Blue Bow gronde Red Bow :
« Tu sais pourtant qu’à chaque fois que tu te précipites, tu crées une catastrophe ! Il faut réfléchir et analyser le champ de forces d’abord !
— Ça sert à rien…
— Hein ? ! »
Les Combattants de l’Arc-en-Ciel se tournent vers Rain Bow.
« Ça sert à rien, c’est inutile, continue ce dernier. Tout est inutile. On arrivera jamais à les vaincre… »
Il lâche un long soupir.
« J’abandonne…
— Quoi ?
— J’ai dit : “j’abandonne” ! répète Angel en levant les yeux vers les Combattants. Depuis que je suis devenu Rain Bow, il y a eu que des souffrances. Lydia a souffert, vous avez souffert, des innocents ont souffert ! J’en ai assez des souffrances ! Je veux plus voir de souffrances ! Je veux plus me battre ! »
Angel a lancé ces derniers mots avec les larmes aux yeux. Martin s’approche de lui. Ils se regardent un instant. Vlan ! Martin gifle Angel tellement fort que ce dernier tombe par terre.
« ... Martin ! Pourquoi t’es toujours méchant comme ça ? ! ... Oh ? »
En relevant les yeux, il voit que des larmes coulent sur les joues de Red Bow.
« T’as vraiment rien compris, dit ce dernier d’un ton méprisant. Quand je pense qu’Aniva s’est peut-être sacrifiée pour te sauver ! Et toi tu l’insultes en te comportant comme un lâche ! T’as pas compris que tu es le seul espoir de la Terre, le seul à pouvoir faire cesser toutes ces souffrances ? ! Nous avons tous promis à Aniva que nous te protégerions jusqu’au bout, mais je refuse de protéger un lâche et un pleurnichard ! Alors soit tu nous montres qu’Aniva s’est pas sacrifiée en vain, soit tu disparais, et je veux plus jamais te revoir !
— Martin… murmure Angel.
— Tiens tiens, y aurait-il de l’eau dans le gaz chez les Combattants de l’Arc-en-Ciel ? »
Lotarh apparaît entre eux et le champ de forces. Il a un grand sourire.
« Lotarh ! s’écrie Rain Bow. Où est Aniva ? !
— Elle est actuellement aux mains du maître Esmeros, répond-il. Mais si tu consens enfin à me donner ton énergie, peut-être que je te la ramènerai… Elle ou son cadavre ! Ha ha ha ha ha !
— Lotarh, tu es ignoble ! dit Green Bow avec dégoût. Pourquoi est-ce que tu fais tout ça ? !
— Parce que vous croyez peut-être que j’ai le choix ? ! réplique Lotarh en riant. N’oubliez pas que si votre Esmera était la reine de la Vérité, Esmeros est le roi du Mensonge ! Il nous avait promis monts et merveilles pour nous séduire, mais nous n’avons reçu que des miettes !
— Alors pourquoi rester ? ! s’insurge Yellow Bow.
— Je ne suis qu’une marionnette, et il n’est pas bon pour une marionnette de désobéir à son maître. Rappelez-vous le sort d’Atarh et Nitarh. Et puis, des miettes de pouvoir, c’est du pouvoir quand même ! Mais trêve de parlotes inutiles, je suis venu pour prendre l’énergie de Rain Bow, et je compte bien y arriver cette fois. »
Il sort le Miroir de l’Ombre, mais se rend compte que les Combattants de l’Arc-en-Ciel se sont interposés entre lui et sa cible.
« Je pense que tu n’as pas très bien compris, commence Red Bow. Nous sommes les Combattants de l’Arc-en-Ciel, et notre mission est de protéger Rain Bow contre toute attaque.
— Nous avons promis à la prêtresse Aniva d’accomplir cette mission au péril de nos vies, et nous comptons bien tenir cette promesse, continue Blue Bow.
— Nous avons confiance en Rain Bow. Nous mettons nos vies en jeu pour qu’il puisse protéger la Terre, ajoute Green Bow.
— Tant qu’il nous restera un souffle de vie, tu nous trouveras sur ton chemin. Jamais tu ne toucheras à un cheveu de notre ami ! conclue Yellow Bow.
— Vous êtes d’un ennuyeux, soupire Lotarh. Enfin… »
Ses yeux se mettent à briller, et d’un ample geste il envoie une vague d’énergie noire sur les Combattants. Ceux-ci résistent du mieux qu’ils peuvent et tentent de repousser cette attaque, mais en vain. Ils tombent l’un après l’autre, terrassés par l’attaque de Lotarh.
« Et voilà ! se complimente Lotarh, devant les Combattants qui essaient de se relever sans réussir. Plus rien ne peut m’empêcher de gagner maintenant.
— N’en sois pas si sûr !
— Hein ? ! »
Rain Bow se relève. Ses yeux sont noirs de colère. Il avance lentement, passant à côté de chaque Combattant, pour se retrouver en face de Lotarh. En avançant, il s’adresse à ce dernier :
« Tu as blessé mes amis. Tu as fait souffrir des innocents. Pire, tu as détruit des mondes entiers ! Tu prétends n’être qu’une marionnette, mais tu as montré de nombreuses fois que tu y prends du plaisir ! Tu es impardonnable ! Je suis le messager de l’espoir, et jusqu’à présent je n’avais pas compris ce que ça voulait dire. Mais maintenant j’ai compris : l’espoir n’est pas quelque chose qui vient de l’extérieur, c’est quelque chose qui se crée. Je crée mon propre espoir, et je ne douterai plus ! Ma mission est de protéger cette planète, et je la mènerai à bien ! J’ai la confiance de mes amis, et je ne veux pas la décevoir ! Jamais, tu m’entends ? Jamais toi et ta clique ne parviendrez à vos fins, jamais ! »
Rain Bow met la main devant son amulette.
« Et comment comptes-tu t’y prendre ? rétorque Lotarh. Avec ta Toile Arc-en-Ciel ? Mais je ne suis pas un de mes soldats, et tu ne risques pas de me faire quoi que ce soit avec cette attaque ridi… Hein, qu’est-ce qui se passe ? ! »
Lotarh a raison d’être surpris : derrière sa main, l’Amulette Arc-en-Ciel de Rain Bow brille de mille feux, envoyant des pinceaux de lumière un peu partout. Cette lumière entoure sa main tandis qu’il la lève au-dessus de la tête. Il la baisse légèrement, formant ainsi un bout d’arc-en-ciel. Les pinceaux de lumière se retournent et viennent frapper sa main, augmentant encore la concentration d’énergie. Brusquement, Rain Bow tend son bras, montrant Lotarh du doigt, et hurle : « Toile Arc-en-Ciel, action ! ». La toile se déploie, emprisonnant Lotarh qui devient blême.
« Je… Je n’arrive pas à me libérer ! »
Au bout du doigt de Rain Bow, une concentration d’énergie pure se forme, qui envoie des boules d’énergie blanche vers Lotarh !
« Non, je ne veux pas finir comme ça ! Pas maintenant ! »
Ses yeux rouges brillent, et il parvient à disparaître peu avant que les boules d’énergie le touchent. Celles-ci continuent leur chemin et frappent le champ de forces, qui devient visible sous l’impact. Mais il ne résiste pas longtemps à la puissance de Rain Bow et se brise ! L’énergie de Rain Bow continue à se répandre. Nous voyons maintenant l’entrepôt de l’extérieur. De chacune de ses ouvertures une lumière blanche s’échappe. Les faisceaux de lumière gagnent en puissance. Des fissures se forment, laissant échapper encore plus d’énergie. Soudain, tous les faisceaux se rejoignent et tout devient blanc. Quand la luminosité redevient normale, il ne reste plus de l’entrepôt désaffecté que quelques portions de mur encore debout, quelques poutres métalliques tordues, et des gravats. Au milieu de ces ruines, Rain Bow, ses amis et les otages (dont les liens ont disparu) sont indemnes. Les Combattants se relèvent doucement, et les ex-otages commencent à bouger. Rain Bow se tourne vers ses amis.
« Merci, merci d’avoir cru en moi. Vous m’avez aidé à reprendre confiance en moi-même. Maintenant, je me battrai à fond. Je veux être digne de votre confiance.
— On sera toujours à tes côtés, dit Red Bow avec un grand sourire. Nous sommes fiers de toi. »
Tous acquiescent.
« Nous sortirons Aniva de leurs griffes, puis nous les vaincrons définitivement », dit Green Bow d’un air décidé.
Angel hoche la tête. Ils se tournent vers le soleil couchant. Chacun regarde ce soleil, qui baigne tout d’une lumière dorée, avec un air serein. Le combat sera de plus en plus difficile, mais ils sont maintenant prêts à se battre jusqu’au bout. Ils créent leur propre espoir, et savent que ce dernier peut faire des miracles !

Friday 15 July 2011

Kibou Niji Rengou Rainbow Fighters. Épisode 21 : entre la Haine et le Cauchemar

Dans le Q.G., c’est la panique. Aniva, atterrée, regarde Niko qui tente de reprendre contact avec les Combattants. Évidemment, il n’y parvient pas :
«  Rain Bow ! Red Bow ! Green Bow ! Blue Bow ! Yellow Bow ! ... Rien à faire, le signal ne peut pas les atteindre.
— Sais-tu au moins où ils se trouvent ? demande Aniva d’une voix tremblante.
— Oui, dit Niko, je peux détecter leurs énergies. Ils sont dans un entrepôt désaffecté en banlieue parisienne. Ils sont assez loin les uns des autres, ajoute-t-il en regardant son écran, où l’on voit cinq points lumineux clignoter sur une carte de l’entrepôt. Mais je n’arrive pas à les contacter ni à les retransposer. Il doit y avoir une espèce de champ de forces au-dessus de ce bâtiment qui bloque les ondes. Nous ne pouvons qu’être spectateurs… »
Aniva semble encore plus désolée devant ce constat d’échec. Elle joint les mains en un geste de prière et dit :
«  Combattants de l’Arc-en-Ciel, vous êtes seuls dans cette bataille. Je vous en prie, ne perdez pas espoir ! Ce n’est qu’ainsi que vous vaincrez Lotarh ! »

Dans un endroit sombre et délabré, Red Bow est allongé à même le sol, évanoui. Il se réveille, et après un moment de flottement il se rappelle le message de Lotarh et se relève subitement. C’est alors qu’il se rend compte qu’il est tout seul.
«  Rain Bow ? ! Les amis ? ! » crie-t-il.
Il attend un instant, mais seul l’écho lui répond.
«  Mais qu’est-ce qui s’est passé ? se demande-t-il en se massant les tempes. On s’est transposés ensemble, on aurait dû réapparaître ensemble, et certainement pas évanouis… Qu’est-ce que Lotarh a encore fait ? ! Eh oh ! Les amis ! Vous êtes là ? ! »
Peine perdue. Là encore, seul l’écho lui répond. Red Bow regarde autour de lui. Il est dans un grand couloir au murs de béton, haut de plafond et à moitié délabré.
«  Hum… Il se pourrait bien que les autres soient encore évanouis, quelque part dans ce bâtiment… En espérant qu’ils sont dans le même bâtiment que moi. En tout cas, ça sert à rien de rester ici à attendre, autant que j’aille les chercher tout de suite. »
Il commence à marcher en regardant autour de lui quand il voit quelque chose bouger dans la pénombre. Il s’arrête et se rend compte que c’est une silhouette humaine qui s’approche de lui. Son sang ne fait qu’un tour quand il reconnaît Lotarh ! Ce dernier s’avance vers lui en souriant de toutes ses dents.
«  Lotarh ! Qu’est-ce que tu fais là ? ! Et qu’est-ce que t’as fait de mes amis ? ! » s’écrie-t-il.
Pour toute réponse, Lotarh se met à rire, ce qui rend Red Bow rouge de colère.
«  Arrête de rire comme ça ! Et réponds-moi quand j’te parle ! »
Mais Red Bow s’époumone pour rien, cela ne fait qu’empirer les choses et Lotarh rit de plus belle. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour Red Bow, qui devient si rouge qu’on croirait qu’il va éclater.
«  Tu te crois malin hein ? ! Tu te crois si important que tu peux faire tourner les gens en bourrique comme ça ? ! Tu m’ignores peut-être mais je crois pas que tu puisses ignorer ça ! Boule de Feu ! »
Contre toute attente, Lotarh ne réagit pas. Il ne bouge pas, il n’arrête même pas de rire, et quand la boule de feu l’atteint, elle le traverse sans dommage et s’écrase sur le mur du fond !
«  Quoi ? ! » s’écrie Red Bow qui n’en croit pas ses yeux.
Lotarh continue à rire et s’immobilise à deux mètres environ en face de Red Bow. À ce moment, ce dernier entend un deuxième rire, identique au premier mais en légère dissonance, et venant cette fois de derrière lui. Il se retourne et voit Lotarh s’avancer vers lui en riant ! Il se retourne de nouveau mais le premier Lotarh n’a pas bougé ! Deux Lotarh sont maintenant en train de lui rire au nez !
«  Alors c’était ça ! dit Red Bow en s’adressant au deuxième Lotarh. Tu as voulu me berner avec une illusion ! Mais ça marchera pas avec moi ! Boule de Feu ! »
Mais la boule de feu traverse le deuxième Lotarh comme elle a traversé le premier. Ce deuxième Lotarh s’immobilise aussi à deux mètres de Red Bow. Ce dernier entend maintenant un troisième rire, identique et pourtant dissonant, puis un quatrième, un cinquième, tandis que des Lotarh surgissent de partout. Finalement, Martin se retrouve entouré d’une dizaine de Lotarh riant à gorge déployée, dans une cacophonie qui est en train de le rendre fou. Il se met les mains aux oreilles pour ne plus entendre cette torture sonore, mais celle-ci est trop forte.
«  Arrêtez ! hurle-t-il. Arrête Lotarh ! »
Mais les rires continuent, et Red Bow les supporte de moins en moins. Il a maintenant un genou à terre et commence à perdre son sens de l’équilibre.
«  Tu… Tu vas me le payer Lotarh… Je vais te montrer de quoi je suis capable quand je suis hors de moi… Boule de Feu ! »
Il envoie une boule de feu qui tournoie autour de lui et frappe les doubles de Lotarh les uns après les autres. Cette fois-ci, les illusions disparaissent quand elles sont frappées par la boule de feu, mais la puissance de sa colère est telle que la boule s’enfle démesurément. Avant qu’il ait pu faire quoi que ce soit, elle frappe Red Bow lui-même qui hurle de douleur et de surprise. Quand le feu disparaît, Red Bow est à terre, légèrement brûlé et incapable de se relever. Au-dessus de lui apparaissent deux yeux rouges, puis Lotarh (le vrai cette fois) qui regarde Martin avec un air de dédain.
«  Pauvre idiot ! dit-il à Red Bow qui le regarde avec des yeux remplis de douleur. Ne sais-tu pas que la haine et la colère sont sœurs ? Comment espérais-tu donc vaincre l’une avec l’autre ? ! Il a été si facile de retourner ton pouvoir contre toi-même… Je n’ai quasiment eu aucun effort à faire. C’est une récolte facile cette fois ! »
Lotarh tend son Miroir de l’Ombre vers Red Bow, qui n’a ni le temps ni la force de détourner les yeux de son reflet. Il perd son énergie, absorbée par le Miroir sous la forme d’une fumée rouge. Il finit par perdre conscience, et quelques secondes plus tard le flux d’énergie disparaît.
«  Et voilà ! triomphe Lotarh. Aux autres à présent ! »
Et la scène disparaît en fondu au noir.

Dans le Q.G., l’atmosphère est tendue, au point que Niko sursaute quand l’un des points clignotants sur son écran, le point rouge, disparaît brusquement.
«  Qu’est-ce qui se passe ? demande Aniva, inquiète.
— J’ai… J’ai perdu le contact avec Martin ! s’écrie Niko. Sa signature énergétique a disparu !
— Non ! Ce n’est pas possible !
— Martin… dit Niko en tapant fébrilement sur le clavier d’ordinateur. Ça y est ! Son énergie n’a pas disparu, mais elle a énormément baissé. Elle est à son niveau minimal. S’il ne reçoit pas d’aide rapidement, Martin va… »
Mais Niko n’est pas capable de terminer sa phrase. Il n’en a d’ailleurs pas besoin : Aniva a bien compris le message.

Dans un autre couloir de l’entrepôt, lui aussi encombré de gravats, Green Bow est étendue à terre, sans connaissance. Mais son corps frémit : elle se réveille. Lentement, elle s’accroupit et met une main à la tête.
«  Ouh la la ! J’ai mal à la tête… »
Elle passe la main dans les cheveux mais s’arrête soudain, comme troublée par quelque chose. Elle regarde sa main pendant un moment.
«  Mais… J’ai de la poussière dans les cheveux ! »
Elle commence à ébouriffer ses cheveux comme elle peut, levant un véritable nuage de poussière qui la fait tousser. Finalement, elle se calme et le nuage retombe. Elle se lève et ses cheveux se remettent en place, pas du tout décoiffés par le traitement qu’Alexandra leur a fait subir. Ce n’est que maintenant qu’elle regarde autour d’elle, et qu’elle remarque qu’elle est toute seule dans un couloir de béton à moitié délabré. Elle époussette son costume en marmonnant :
«  Qu’est-ce qui se passe ici ? Où est-ce qu’ils sont tous passés ? »
Elle met les mains en porte-voix et crie :
«  Hé ! Vous êtes où les amis ? ! »
Bien entendu, la seule chose qu’elle entend est sa propre voix, qui s’atténue rapidement.
«  Qu’est-ce qui s’est passé ? se demande-t-elle en se grattant la tête avec l’index. Comment ça se fait que je sois pas avec les autres ? »
Elle finit par hausser les épaules et soupirer.
«  Pfff… J’y comprends rien. Mais bon, c’est pas en restant sur place que ça va aider. Autant aller voir si je peux les retrouver. »
Elle commence à marcher, mais s’arrête, se retourne, commence à marcher dans l’autre sens, s’arrête de nouveau et reporte la main à la tête.
«  Dans quel sens je vais aller moi ? Comment je peux savoir où ils sont tous ? Oh la la ! Je sais plus quoi faire moi ! C’est à Clémence qu’il faut laisser les trucs compliqués, pas à moi… Bon, tant pis, on y va au hasard. »
Cette fois, elle part résolument dans la direction en face d’elle. Enfin, résolument, c’est beaucoup dire, car elle s’arrête de nouveau après une dizaine de pas.
«  Et s’ils étaient dans l’autre sens ? se demande-t-elle. Ça serait vraiment bête de m’éloigner d’eux sans le savoir. Mais ils peuvent très bien être dans la bonne direction aussi, et si je vais dans l’autre sens, je m’éloignerai d’eux quand même. Qu’est-ce que je fais alors ? »
Plongée dans ses pensées, Green Bow ne remarque pas l’ombre qui la recouvre petit à petit. Elle lève subitement les yeux et sursaute en voyant Lotarh à quelques centimètres. Elle recule rapidement, mais Lotarh ne fait même pas signe de l’en empêcher.
«  Et alors ? ! fait-il d’un ton impatient. Qu’est-ce que tu attendais pour bouger ? ! J’avais préparé un superbe piège pour te voler ton énergie, mais au lieu de courir partout pour chercher tes amis et accessoirement tomber dans mon piège, tu restes là à faire les cents pas ! C’est pas agréable quand on sait le mal que je me suis donné ! »
Green Bow ne comprend pas vraiment de quoi Lotarh lui parle, mais elle se ressaisit et dit :
«  Bon, je sais pas trop de quoi tu parles, mais est-ce que tu croyais vraiment que j’allais courir partout sans me demander d’abord si j’allais dans la bonne direction ou non ? Je savais pas par où commencer !
— Pfff… Tellement frivole qu’elle est incapable de prendre une décision…
— Non mais… ! s’écrie Green Bow qui voit rouge. C’est pas une manière de parler à une fille !
— Quelle idiote ! Tu ne vaux pas la peine que je me décarcasse pour toi ! Je vais te prendre ton énergie vite fait bien fait et on n’en parlera plus !
— Ah ça, c’est ce qu’on va voir ! Barrière de Vent ! »
Le vent qu’elle crée lève toute la poussière répandue sur le sol de ce couloir. Cette poussière cache la vue de Green Bow et la fait tousser. Quand elle s’arrête, elle s’aperçoit avec horreur que Lotarh est juste devant elle. Avant d’avoir pu réagir, elle plonge son regard dans le Miroir de l’Ombre, qui absorbe son énergie sous la forme d’une fumée verte. Quand l’absorption est finie, Lotarh regarde le corps inanimé de Green Bow avec un air de mépris.
«  Quand je pense que c’est ça qui est censé protéger la race humaine de la puissante Confrérie de l’Arc-en-Ciel Noir… Quelle rigolade ! Allez, au suivant ! »
Et Lotarh disparaît, laissant une Green Bow bien mal en point.

Sur son écran, Niko voit le point vert s’éteindre.
«  Oh non ! Alex !
— Niko ! Est-ce que… ? ! peine à demander Aniva.
— Oui, comme pour Martin, son niveau énergétique est minimum. Deux de nos Combattants sont hors service, cela devient inquiétant. Et ce champ de forces qui ne veut pas céder…
— Combattants, je vous en prie ! Restez sur vos gardes, ne vous laissez pas avoir par les perfides tours de Lotarh ! »

Nous nous retrouvons de nouveau dans l’entrepôt désaffecté où, ignorant du sort de ses deux camarades, Yellow Bow se réveille lentement. Il regarde autour de lui d’un air distrait quand il écarquille les yeux.
«  Mais… où est-ce que je suis ? ! »
Il se relève précipitamment, puis se tourne de tous côtés et porte ses mains à la bouche en porte-voix :
«  Hé ! Où est-ce que vous êtes ? ! Clémence ! Où est-ce que vous êtes tous passés ? ! »
Ne recevant aucune réponse, il choisit une direction au hasard et court dans les couloirs de l’entrepôt en appelant ses amis.
«  Rain Bow ! Green Bow ! Où est-ce que vous êtes ? Red Bow ! Blue Bow ! Pourquoi je suis tout seul comme ça ? »
Il voit quelque chose en face de lui. Il accélère et son sourire s’agrandit au fur et à mesure qu’il se rapproche : les quatre Combattants de l’Arc-en-Ciel sont là, le regardant arriver. Mais Aurélien est si heureux de les avoir retrouvés qu’il ne remarque pas une chose : ce sont les visages fermés et durs de ses amis, au regard plein de mépris. Il finit par arriver à leur hauteur et s’arrête de courir en essayant de reprendre son souffle.
«  Ouf… Ouf… Les amis… je me suis… retrouvé tout seul… Je savais pas… ce qui se passait… Mais j’vous ai retrouvé... c’est le principal. »
Il se tait, remarquant le silence des autres. Il les regarde tous d’un air interrogateur, et remarque soudain l’expression de leur visage.
«  Qu’est-ce qui se passe les amis ? Il y a un problème ? Qu’est-ce qui s’est passé pendant que j’étais pas là ?
— ...bécile…
— Hein ? fait Yellow Bow en se tournant vers Blue Bow, de qui semble venir cette parole.
— Imbécile ! Tu es vraiment nul ! lâche cette dernière.
— Pourquoi tu me dis ça ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal ?
— Tout ce que tu fais, tu le fais mal ! s’écrie à son tour Red Bow.
— Tu es un vrai boulet dans notre équipe ! ajoute Green Bow.
— Mais… Qu’est-ce qui vous prend ? demande Aurélien à qui les larmes montent aux yeux.
— Ils ont raison ! lance Rain Bow d’un ton décapant. Tu n’as rien à faire avec nous ! Tu es incapable de te battre correctement ! Tu ne fais que suivre Blue Bow comme un petit chien ! C’est pathétique !
— Rain Bow… sanglote Yellow Bow. C’est pas vrai, vous me faites une mauvaise blague…
— Non, nous avons simplement décidé que nous travaillerons mieux sans toi ! conclut Red Bow. À partir de maintenant, considère-toi comme exclu des Combattants de l’Arc-en-Ciel !
— Allez, venez ! On n’a pas de temps à perdre avec lui ! » dit Blue Bow aux autres Combattants.
Yellow Bow tombe à genoux par terre, et regarde impuissant les autres Combattants se détourner de lui et partir. Ils disparaissent rapidement dans la pénombre de l’entrepôt. Le dernier regard que lui a lancé Blue Bow était si froid qu’il s’est effondré en larmes.
«  Me laissez pas… tout seul… articule-t-il entre deux sanglots. Sans vous je suis rien… Me laissez pas tomber… Faites pas comme mes parents… »
De la pénombre où ont disparu les Combattants, une silhouette apparaît et s’approche lentement, tandis que Yellow Bow pleure toutes les larmes de son corps. Cette silhouette, on le voit au fur et à mesure qu’il s’approche, c’est bien entendu Lotarh, dont le sourire exprime une joie non dissimulée.
«  Pauvre Yellow Bow. Tes soi-disant amis t’ont abandonné. À quoi bon continuer cette vie, si personne ne fait attention à toi… ? »
Aurélien lève la tête vers Lotarh. Il est incapable de dire quoi que ce soit.
«  Je vois ta peine, continue Lotarh, je vois ta solitude. Je vais adoucir tes souffrances. Regarde-toi simplement dans ce miroir, vois la seule personne qui s’est jamais intéressé à toi : toi-même. Échappe donc à cette solitude qui te pèse. »
Complètement désespéré, Yellow Bow obéit à Lotarh et plonge son regard dans le Miroir de l’Ombre, qui absorbe son énergie sous la forme d’une fumée jaune. Il s’effondre aux pieds de Lotarh dont le sourire se mue en ricanement, puis en rire diabolique.
«  Ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ! Pauvre Yellow Bow au cœur si transparent ! Tu accordes tellement d’attention à ce que les gens pensent de toi que ton esprit est un livre ouvert pour qui a un peu de psychologie ! Il était facile de trouver le défaut de ton esprit enfantin, tu es tombé à pieds joints dans le piège de mon illusion ! Ha ha ha ha ha ha ha ha ha ! »
Et nous laissons Lotarh rire à sa victoire par un fondu en noir.

Nous repassons par le Q.G., où le cœur de Niko fait un bond quand il voit le point clignotant jaune disparaître de son écran.
«  Aurélien ! Oh non ! Il a eu Aurélien ! »
Cette fois-ci, ce sont des larmes qui coulent sur les joues d’Aniva. Elle secoue la tête, comme pour nier ce qu’elle voit se passer, et son visage prend une autre expression. Elle a maintenant un air décidé. Elle commence à se tourner quand un cri de Niko l’arrête dans son mouvement.
«  Ça y est ! J’ai trouvé un défaut dans le champs de forces de Lotarh. En recalibrant les capteurs pour une nouvelle modulation des ondes, je devrais pouvoir traverser cette barrière ! Dans quelques minutes, on pourra voir ce qui se passe là-bas comme si on y était, et peut-être que je pourrai faire fonctionner le transposeur.
— Alors fais vite ! dit Aniva. Ils ont besoin de notre aide, de toute urgence ! »

«  Où est-ce que je suis ? se demande Rain Bow. Qu’est-ce que j’fais là ? »
Angel vient de se réveiller. Il fait sombre. Les murs sont en béton sale, et fissurés de partout. Des blocs de béton jonchent le sol, comme si ce bâtiment venait de subir un tremblement de terre. Angel se fraie un chemin parmi les débris, essayant de voir quelque chose. Mais il fait trop sombre, et il n’y a pas de fenêtres. Il se souvient subitement du message de Lotarh, de la transposition, et se rend compte que quelque chose a dû arriver pour qu’il se retrouve seul.
«  Y’a quelqu’un ? ! Les amis, vous êtes là ? ! »
Seul l’écho lui répond. Rain Bow sent une sorte d’angoisse l’envahir. Cette situation lui rappelle quelque chose, mais c’est trop imprécis pour qu’il sache quoi. Il commence à marcher un peu plus vite. Il ne sait pas où il va, mais il sent qu’il y a quelque chose là-bas. Il sent aussi qu’il ne devrait pas y aller, son angoisse ne fait qu’augmenter, mais il ne peut s’empêcher d’avancer. Soudain, il sent son pied toucher quelque chose de liquide. Il marche dans une flaque d’eau. D’eau ? Le liquide paraît bien sombre. C’est alors que son cauchemar récurrent lui revient en mémoire.
«  Qu’est-ce qui se passe ? C’est pas vrai ? » murmure-t-il, comme s’il avait peur des mots qu’il prononce.
Angel se baisse et touche la flaque du bout des doigts. Il les rapproche de son visage. Cette couleur, cette odeur… C’est du sang ! Il se met à courir dans cette mare, cette mare de sang qui s’étend dans tout le bâtiment, cette mare de sang identique à celle de son rêve. Et il ne veut pas continuer, car il sait ce qu’il va voir. Mais il ne peut s’empêcher de courir, jusqu’à ce qu’un unique rayon de lumière lui dévoile un spectacle qui le glace d’horreur, un spectacle qu’il s’attendait à voir mais auquel il n’ose pas croire.
«  Non… non… c’est pas possible… »
Devant lui sont étendus les corps sans vie des Combattants de l’Arc-en-Ciel, baignant dans cette mare de sang, cette mare de cauchemar, cette mare dont ils sont l’origine ! Étendus sur le dos, chacun a un gros trou dans le ventre. Ils ont tous les yeux ouverts mais vitreux, et le visage immobilisé sur une expression de frayeur.
«  Ma… Martin ! s’écrie Angel qui ne peut s’empêcher de répéter son propre cauchemar. Alex ! Clémence ! Aurélien ! C’est pas possible ? ! C’est pas vrai ? ! C’est encore un cauchemar ! »
Malheureusement, il ne se réveille pas. Il reste devant les corps sans vie de ses amis, tombe à genoux dans la mare de sang, les larmes coulant sur les joues.
«  C’est ma faute… sanglote-t-il. Je l’avais déjà rêvé... J’aurais pas dû les entraîner dans cette histoire… Ils sont morts à cause de moi… »
On entend des pas dans la mare de sang. Bientôt, Lotarh arrive devant Rain Bow.
«  Oui, Rain Bow, c’est bien ça, dit ce dernier. C’est toi le coupable, c’est toi le responsable. Tu n’as fait que leur causer des problèmes, et maintenant tu as causé leur mort. Crois-tu encore avoir le droit de vivre après une telle faute ? »
Rain Bow relève la tête vers Lotarh.
«  T’as gagné, Lotarh… Tue-moi maintenant, laisse-moi au moins les rejoindre… De toute façon, je suis impuissant sans eux…
— Tu vas mourir, ne t’inquiète pas, acquiesce Lotarh. Mais avant, tu vas me donner ton énergie.
— Tout ce que tu voudras, dit Angel entre deux sanglots. Mais fais vite, s’il te plaît.
— Ce sera très rapide, je te l’assure, dit Lotarh en sortant son Miroir de l’Ombre.
— Ruisseau Scintillant ! »
Un puissant jet d’eau frappe la main de Lotarh qui lâche le Miroir de l’Ombre.
«  Quoi ? ! Qui a fait ça ? ! »
Au fond du couloir apparaît une silhouette féminine, une silhouette à la chevelure courte et bleue.
«  Tu as multiplié les actes répréhensibles : enlèvements, torture psychologique, torture physique. Ta monstruosité mérite une punition exemplaire. Je suis Blue Bow, l’arbitre de l’espoir, alors prépare-toi à subir ton châtiment !
— Blue Bow… murmure Rain Bow sans comprendre. Blue Bow ? ! »
Il voit le corps sans vie de Blue Bow, mais aussi sa version debout, bien vivante et en colère.
«  Blue Bow ? ! répète-t-il. Mais… Tu es vivante ? ! Mais alors… »
Ceci rompt le charme : l’illusion de Lotarh disparaît. Les corps sans vie, la mare de sang, tout s’évanouit. Il ne reste plus que le sol normal et couvert de poussière de l’entrepôt.
«  Blue Bow, petite peste ! s’écrie Lotarh. Comment as-tu fait pour arriver jusqu’ici ? ! Je m’étais pourtant assuré que tu ne pourrais pas rejoindre les autres Combattants !
— Tu as compté sans l’intelligence humaine, aidée de petits gadgets technologiques, réplique Blue Bow en souriant et en montrant son petit ordinateur. Grâce à ça, j’ai pu te suivre à la trace et éviter que tu accomplisses ton plan. Car ton plan était bien de nous séparer, pour nous attaquer l’un après l’autre et nous voler notre énergie, c’est bien ça ?
— Tu es futée, concède Lotarh. Mais pas très efficace : j’ai déjà pris l’énergie de trois Combattants. Regarde ! »
Les yeux de Lotarh brillent un court instant, et Red Bow, Green Bow et Yellow Bow apparaissent dans le couloir, inconscients, ficelés par des cordes noires par lesquelles ils pendent au plafond.
«  Les amis ! » crie Rain Bow.
Il tente de se relever pour courir vers eux, mais il est frappé par Lotarh et retombe par terre.
«  Aïe ! fait-il en tombant. Lotarh, est-ce qu’ils sont vivants au moins ?
— Vivants ? Bien sûr, répond ce dernier. Enfin, pour l’instant… »
Les larmes remontent aux yeux de Rain Bow.
«  Tu leur as volé leur énergie ! crie Blue Bow.
— En effet, c’était le but de ce piège après tout. Et il me reste encore un Combattant à dépouiller, ce que je compte faire tout de suite. »
Il se baisse pour ramasser son Miroir de l’Ombre, mais Blue Bow est plus rapide : elle court se placer entre Rain Bow et Lotarh, et le repousse pour l’empêcher d’accéder au Miroir. La résistance de Blue Bow met Lotarh en colère. Ses yeux brillent, et une vague d’énergie noire frappe Blue Bow qui tombe par terre, juste devant Rain Bow accroupi. Elle est durement touchée et ne peut se relever. Elle a tout juste la force de lever la tête vers Angel.
«  Rain… Bow… fait-elle avec effort. Rain Bow… il faut… te battre. Tu dois… retrouver… l’espoir… : ce n’est qu’avec… lui que tu… vaincras… Lotarh.
— Quelle stupidité ! s’écrie Lotarh qui a ramassé le Miroir. Rien ne peut me vaincre ! Et surtout pas votre minable espoir ! »
Lotarh rit comme un dément, tandis que Rain Bow regarde Blue Bow avec les larmes dans les yeux. Il secoue la tête.
«  Il a raison, dit Angel. Je peux rien faire contre lui. Sans vous, j’ai aucun pouvoir, je suis impuissant. Je suis rien sans les Combattants de l’Arc-en-Ciel.
— Alors tu vas les rejoindre, assène Lotarh en s’approchant lentement.
— Pas tant que je serai vivante ! » dit Blue Bow.
Devant un Rain Bow effaré et un Lotarh surpris, Clémence se relève lentement. Elle tremble et tient à peine sur ses jambes, mais elle finit par faire face à Lotarh.
«  C’est impossible ! Tu ne devrais pas pouvoir tenir debout !
— Tant qu’il me restera un souffle de vie, je protégerai Rain Bow contre tout danger. J’en ai fait la promesse et je compte bien la tenir !
— Arrête Blue Bow ! crie Rain Bow. Je veux pas qu’il t’arrive malheur !
— C’est à toi qu’il ne doit pas arriver malheur, dit Blue Bow en se tournant vers Angel. Tu es le seul capable de nous redonner notre énergie, et tu es notre chef. C’est normal qu’on te protège.
— Vous avez dépassé les limites de ma patience ! s’écrie Lotarh. Cette fois c’en est trop ! »
Ses yeux brillent à nouveau, et une vague d’énergie encore plus puissante balaie Blue Bow. Elle fait un vole plané et retombe lourdement derrière Rain Bow.
«  Blue Bow ! »
Elle est encore consciente, mais ne peut plus se relever. Elle n’a même plus la force de parler. Rain Bow se retourne vers Lotarh, les yeux pleins de larmes.
«  Arrête Lotarh ! T’as gagné. Prends mon énergie, mais laisse mes amis saufs. Je t’en supplie, arrête de les faire souffrir.
— Tu veux échanger ta vie contre celle de tes amis ?
— Oui, sans hésitation. »
Lotarh paraît étudier cette proposition.
«  ... C’est stupide, mais j’accepte. Je n’achèverai pas les Combattants de l’Arc-en-Ciel. Quand j’en aurai fini avec toi, je les libérerai.
— Merci… dit Angel.
— Tu remercies ton pire ennemi… Tu es encore plus stupide que je ne pensais. Ton énergie sera plus utile au maître Esmeros ! »
Et devant une Blue Bow impuissante, Lotarh commence à lever le Miroir de l’Ombre vers Rain Bow.

Dans le Q.G., Niko saute de joie.
«  Ça y est ! Ça y est ! J’ai percé le champ de forces de Lotarh ! Nous devrions avoir une image des lieux dans quelques secondes.
— Vite, le presse Aniva, j’ai un mauvais pressentiment. »
Quelques secondes s’écoulent, et une image apparaît enfin sur un grand écran. Aniva et Niko écarquillent les yeux en voyant la scène : Martin, Alex et Aurélien ficelés et pendus comme des saucissons, Clémence allongée par terre et bien mal en point, et Rain Bow à genou et en pleurs, en face de Lotarh qui lève lentement son Miroir vers lui. Niko est pétrifié devant cette scène, et ne remarque pas que l’image d’Aniva disparaît derrière lui. On entend alors comme un grondement lointain. Niko le remarque et lève la tête. Le grondement gagne en force, et Niko sent soudain le sol trembler sous ses pattes. Il se retourne vers la table centrale.
«  Aniva ? Aniva ? ! Prêtresse ? ! » s’écrie-t-il en voyant qu’elle a disparu.